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tigue trouvaient aux stations indiquées des voitures (carpenta, rhœdœ) attelées de huit chevaux ou mules, avec renforts de bœufs dans les passages ou les saisons difficiles, et que conduisaient des carpentarii ; il était même possible de se faire précéder par des postillons (cartabulenses) chargés de faire préparer les relais. Pour envoyer les correspondances par ces moyens expéditifs, il était nécessaire d’être pourvu d’une autorisation particulière (diplomata tractoria).

L’invasion des barbares bouleversa l’administration des postes romaines, et il n’en restait plus qu’un vague souvenir lorsqu’on tenta de la restaurer en France.


I.

Ce fut Charlemagne qui l’essaya ; comme Cyrus, il voulut être en rapport facile et régulier avec les provinces les plus lointaines de son empire, et le premier en France il établit un service de courriers royaux. Ce fut en 807 que cette poste commença de fonctionner ; mais elle ne survécut pas à l’empereur qui l’avait fondée. La forte centralisation de Charlemagne s’écroula dès qu’il fut mort ; la féodalité battit en brèche l’autorité royale, renversa tout ce qu’elle avait établi, se substitua à elle partout où elle put ; les postes sombrèrent dans cette barbarie nouvelle, et durent attendre l’avènement de Louis XI pour reparaître, grandir et s’accroître jusqu’au point où nous les voyons maintenant. Cependant Paris s’affirmait déjà comme capitale de la France. Il avait pris la tête du mouvement, ainsi que l’on dit aujourd’hui, et l’université, malgré son esprit étroit et souvent tracassier, sentit le besoin de se mettre en communication avec les différentes provinces qui lui envoyaient la majeure partie de ses « escholiers. » Elle organisa un système de messageries qui se chargeaient du transport des voyageurs, des paquets et des correspondances. Ces dernières étaient souvent portées par des « petits messagers » que les vieilles chartes qualifient, fort arbitrairement sans doute, de nuntii volantes. Les premiers titres relatifs à ces messageries primitives datent de 1296 et de 1315, ce sont ceux par lesquels Philippe le Bel et Louis le Hutin confirment le privilège de l’université. Si défectueux, si lent, si dangereux même que pût être ce genre de communication, il suffisait jusqu’à un certain point aux besoins de l’époque. Il reçut, par la seule force des choses, bien des améliorations successives, et il était même devenu une source de produits importans pour l’université, lorsque Louis XI, voulant réunir et ramasser dans sa main toutes les forces dispersées de la royauté.