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droit d’en régler la mesure ; mais ici encore sa lettre nous embarrasse sans nous éclairer : il rabaisse le rôle que nous nous étions plu à lui attribuer. Nous avions cru qu’il était la personnification remuante, mais résolue après tout, de cette politique dont nous avons parlé, qui n’était pas apparemment hostile à la cause du roi de Naples, et qui, par une logique dont nous ne nous étonnons pas, devait être conduite à n’être pas très persécutrice à l’égard des bandes napolitaines dites « bandes royales. » C’est pour cela que ses adversaires l’ont combattu et que ses amis lui ont fait une sorte de popularité qu’on ne peut en conscience attribuer à la supériorité de son administration. S’il n’était pas cela, qu’a-t-il donc été à Rome ? Comment se fait-il que le jour où cette politique s’est trouvée épuisée, il est tombé tout naturellement dans la retraite, où il emploie ses loisirs à nous écrire ? Cela dit, une dernière raison nous eût toujours mis à l’aise avec la lettre de M. Mérode. Dans les discussions, surtout dans les discussions qui ne touchent que des intérêts politiques et où le respect mutuel des convictions est la première loi, il y a des convenances de langage dont on ne doit pas s’écarter ; le titre d’ancien ministre et la qualité de prélat n’en dispensent pas, — au contraire. Et voilà pourquoi nous ne nous croyons nullement tenus de publier la lettre de l’ancien pro-ministre des armes. ch. de mazade.



Mardi dernier, 9 janvier, le Théâtre-Français a représenté pour la première fois le Cas de Conscience, de M. Octave Feuillet. L’accueil fait à ce charmant proverbe a été des plus flatteurs, et a témoigné une fois de plus que le bon goût, s’il lui arrive par momens de s’endormir en France, ne demande qu’à être rappelé à lui-même par les hommes de talent. Le Cas de Conscience a obtenu un vrai succès, et tant qu’il y aura un théâtre pour accueillir les œuvres fines et délicates, de préférence aux comédies bâtardes qui envahissent la scène parisienne, il ne faut désespérer de rien. Ce n’est pas que le Théâtre-Français ait échappé, lui aussi, au goût du jour et nous gâte beaucoup, on s’étonnera même à bon droit qu’il ait tant tardé à représenter le Cas de Conscience. Hâtons-nous cependant de dire qu’il semble aujourd’hui rentrer dans sa vraie ligne ; le Fils, qui s’en plaindra ? a quitté l’affiche ; la reprise de Mlle de la Seiglière, de M. Jules Sandeau, et de la Ciguë, de M. Émile Augier, ainsi que la première représentation du Cas de Conscience, semblent nous annoncer des jours meilleurs.

Nous ne nous étendrons point sur le mérite du dernier proverbe de M. Octave Feuillet ; la Revue l’avait publié il y a un peu plus d’un an, et le succès qu’il avait obtenu auprès de nos lecteurs, succès qui vient d’être consacré à la scène, l’avait déjà rangé parmi les œuvres les plus réussies de M. Octave Feuillet, et lui avait marqué sa place au Théâtre-Français. À un tel proverbe il fallait des interprètes hors ligne, et M. O. Feuillet a été heureusement inspiré en confiant le rôle de Mme de Brion-Sauvigny à