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nulle combinaison ne l’atteindra avec autant d’évidence que la mutualité, et nulle mutualité ne pourra se fonder avec ce meilleures chances qu’en s’annexant à la société qui existe à Paris. Si le développement des assurances en cas de décès est souhaitable, on ne trouvera pas mauvais que nous ayons indiqué ce moyen de l’obtenir promptement et sûrement.


IV. — LES PETITES ASSURANCES GARANTIES PAR L’ETAT.

Lorsque nous avons signalé les actes législatifs par lesquels les gouvernemens de France et d’Angleterre étaient intervenus dans la constitution des rentes viagères, nous n’ayons point soulevé la question générale de l’ingérence de l’état en matière d’assurances. C’est qu’après avoir été l’objet de longues contestations et de vives controverses, ce sujet, qui peut prêter à des thèses si contraires, paraît aujourd’hui réunir dans une opinion moyenne les esprits les plus opposés, à coup sûr, les jours sont loin de cette école égalitaire qui, comme l’a très bien dit M. de Courcy dans son plaidoyer contre l’assurance par l’état, supprimait une liberté pour chacun des droits qu’elle réclamait : pour le droit au travail la liberté de l’industrie, pour le droit à l’assistance la liberté de la charité, pour le droit à l’instruction la liberté de l’enseignement, pour le droit à l’assurance la liberté de la prévoyance ! D’autre part, l’immixtion de l’état dans les affaires privées est vue d’un œil moins jaloux, même par les plus chauds partisans du self-government. On lui concède volontiers le droit ou plutôt le devoir de faire ce que l’industrie particulière ne ferait pas ou ferait moins bien que lui. L’expérience, sous ce rapport, a rectifié la théorie, et, preuve singulière du vice des systèmes absolus dans les choses humaines, c’est de l’Angleterre que la leçon est venue ; son exemple a montré une fois de plus que l’intervention de l’état, même dans la gestion des intérêts particuliers, est nécessaire, pourvu qu’elle soit strictement limitée, et a corrigé aussi cette opinion généralement répandue, que le gouvernement s’occupe trop des intérêts particuliers en France, et pas assez en Angleterre. La question des assurances sur la vie fournit avec évidence cette double démonstration. Ainsi, tandis que non-seulement en dehors des sphères officielles, mais jusqu’au sein du conseil d’état on discutait chez nous la chimérique pensée de concentrer, dans les mains du gouvernement toutes les assurances, et qu’en attendant on se bornait à améliorer la caisse de la retraite pour la vieillesse et à provoquer la fondation de la caisse des invalides du travail, chez nos voisins l’état, déjà assureur viager aux