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à attribuer à cette influence le résultat bizarre obtenu par Lacaille ; il recommanda vivement une nouvelle triangulation plus étendue et combinée de manière à tourner les difficultés que pourraient causer les attractions locales.

Ce projet a été mis à exécution dix-sept ans plus tard par sir Thomas Maclear, directeur de l’observatoire royal qui existe au Cap depuis 1829. Les travaux sur le terrain ont duré de 1837 à 1849 ; ce n’est qu’en 1866 que les résultats des calculs ont pu être publiés. Il fut tout d’abord très difficile de reconnaître les anciennes stations de Lacaille, malgré les informations déjà recueillies par le colonel Everest. Sir Thomas fut obligé de compulser les archives de la ville du Cap pour constater l’identité des habitations qui semblaient répondre aux descriptions laissées par Lacaille. Ces recherches, complétées par des informations orales que l’on n’obtint pas sans peine, prirent beaucoup de temps ; cependant elles aboutirent, et on finit par découvrir l’emplacement de l’ancien observatoire, de la grange de Klyp-Fonteyn et des autres stations de l’astronome français. Sur la montagne de Riebeck’s-Castel, qui est d’un abord difficile, on retrouva encore un foyer éteint à la place où quatre-vingt-six ans auparavant Lacaille avait allumé ses signaux ; sir Thomas en emporta quelques bûches carbonisées comme de précieuses reliques. Quand on voulut chercher dans la plaine qui s’étend au nord de la ville du Cap les vestiges de la base mesurée par Lacaille, on y rencontra une petite rivière (Salt-river), qui doit être d’origine moderne ; elle se réduit pendant la saison d’été à quelques flaques d’eau saumâtre. Ce petit cours d’eau traverse l’ancienne base de Lacaille ; les infiltrations ont rendu le terrain si mou qu’il était impossible d’y établir des instrumens de mesure. Il fallut donc choisir une base nouvelle, d’une étendue de 15 kilomètres, qui fut déterminée avec toute la précision que comportent les méthodes modernes. Pour l’observation des latitudes, M. Airy envoya de Greenwich le célèbre secteur de Bradley, ce vétéran des instrumens auquel l’astronomie doit tant de découvertes. L’amplitude de l’arc mesuré par sir Thomas Maclear est de 4 degrés et demi (environ 500 kilomètres) ; il s’étend du Cap jusqu’à la montagne appelée Koe-Berg.

Le calcul de cette nouvelle triangulation a fait disparaître les anomalies des mesures de Lacaille et montré que la terre a la même forme au midi qu’au nord de l’équateur. Les observations donnent pour le pôle austral le même aplatissement de 1/300 du rayon terrestre que Bessel et Airy ont trouvé, par la discussion des meilleures triangulations, pour le pôle boréal. Cependant on a constaté, ainsi qu’on devait s’y attendre, l’influence des attractions locales sur les