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d’abord il se dilate, par cela même il se refroidit ; mais il se réchauffe aussitôt parce qu’une partie de la vapeur repasse à l’état de pluie et lui rend la chaleur qu’elle avait empruntée pour se former. Il continue sa route ascendante, prend un volume de plus en plus grand et une température qui décroît progressivement ; mais il entraîne avec lui toute la portion de vapeur qui n’a point été condensée, et il entraîne aussi toute la chaleur qu’il contenait : seulement chaleur et vapeur sont disséminées dans un plus grand espace.

C’est dans cet état que l’air est lancé dans le courant équatorial. Pendant le trajet, il est possible qu’il perde de sa chaleur par le rayonnement à travers les espaces célestes, il est certain qu’il en reçoit du soleil et aussi de la terre. On ne sait si la compensation s’établit ou non, s’il y a perte ou gain final ; toujours est-il qu’il reste très froid tant qu’il est dans les hauteurs. Aussitôt qu’il s’abaisse dans les dérivations descendantes, il subit des pressions qui sont de plus en plus considérables, il diminue progressivement en volume, et après avoir occupé un immense espace il redevient un litre d’air comme au départ. Dans ces transformations inverses, il s’est réchauffé jusqu’à sa température première ; il a ramené toute la vapeur et toute la chaleur qu’avait puisées le vent alizé, sauf les pertes qui ont été faites en route.

Admettons que le baromètre vienne à baisser dans un point des contrées tempérées, les dérivations descendantes y deviendront abondantes, le vent soufflera de l’ouest ; il sera réchauffé, il sera humide, et il y aura probabilité de pluie. Or quand la pluie tombe, c’est que la vapeur disparaît ; elle fait un vide que les dérivations comblent, où elles ramènent l’eau, et où la pluie s’engendre d’elle-même. S’il arrive au contraire que la pression soit très considérable en un lieu, les dérivations cesseront, le courant polaire soufflera du nord-est ; il sera froid, mais il se réchauffera en marchant : le temps sera beau. Tout le monde a vérifié l’exactitude de ces règles générales.


V

Rien n’est mieux connu, rien n’est mieux ordonné que ce mécanisme général du vent et de la pluie, et il est probable qu’il amènerait dans les contrées tempérées la même fixité climatérique que dans les zones torrides, si la terre était uniformément couverte par les eaux ; mais il n’y arien de plus irrégulier que la distribution des continens et des mers, et cette irrégularité doit rejaillir sur les conditions de la pluie. J’en vais montrer les principaux effets. Il est d’abord évident que les deux hémisphères sont loin d’être