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tournaient autour de ce centre en sens inverse des aiguilles d’une montre. Ce phénomène se déplaça progressivement, le centre de dépression marchant en ligne droite vers la Suède, et les vents continuant à pirouetter autour de lui : c’était donc un cyclone avec ses deux caractères essentiels, un vide au centre et une rotation de l’air dans un sens déterminé.

Pendant que M. Dove arrivait à ces résultats, un constructeur de navires, M. Redfield, était amené en Amérique, par les besoins de son industrie, à s’occuper des choses de la mer, et, en discutant les récits des marins, à reconnaître que les tempêtes sont toujours produites par des mouvemens giratoires dans un sens constant, toujours contraire à celui des aiguilles d’une montre dans notre hémisphère, toujours conforme à ce mouvement dans l’hémisphère sud, et qu’il y a toujours au centre une baisse barométrique, considérable. Quelques années plus tard, le major-général Reid publia sur le même sujet un grand ouvrage où les particularités du phénomène étaient approfondies. Voici quels ont été les résultats de ces recherches.

Les cyclones de l’Atlantique prennent naissance sur les deux bords de l’anneau d’aspiration, et dans les deux hémisphères suivent des routes absolument symétriques et parfaitement régulières. Partis de l’équateur, ils marchent par exemple au nord-ouest vers les Antilles, s’inclinent progressivement au nord, puis au nord-est, longent et quelquefois entament la côte orientale de l’Amérique et sont ramenés diagonalement vers l’Europe. Les récits des voyageurs ne nous apprennent rien de certain sur la formation de ces météores. Quelques-uns nous les montrent comme apparaissant de loin, à de grandes hauteurs ; sous l’aspect d’une tache argentée qui descend peu à peu vers l’horizon avec un mouvement graduel, mais visible ; en approchant, elle s’entoure d’un anneau noir qui s’étend dans toutes directions. Ces descriptions ont plutôt l’air d’un tableau de roman que d’un récit sérieux.

A leur naissance, les cyclones ont peu d’étendue. A mesure qu’ils s’éloignent vers le nord, ils s’agrandissent et prennent un diamètre qui varie de 60 à 500 lieues. La vitesse de progression du centre ne dépasse pas 10 ou 15 lieues, celle du vent tournant peut en atteindre 50 ; elle suffit pour produire les effets que nous avons décrits, car elle équivaut à un poids de plus de 60 livres sur chaque pied carré. Quelquefois le centre du, tourbillon est relativement immobile, et le vent ne commence que sur une circonférence de A ou 5 kilomètres de rayon. Quand le cyclone est petit au contraire, ce centre tourbillonnant est le point le plus dangereux pour les navires. Toujours la rotation se fait dans le même sens, toujours la