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veux faire ressortir, c’est que cette institution a été la première en date, et qu’elle n’eut qu’un but d’utilité pratique. Nous entrâmes dans cette voie en France un peu plus tard, vers la fin de 1863. L’Observatoire fut mis en relation, par la télégraphie électrique, avec cinquante-neuf stations disséminées sur le monde entier, qui lui envoient tous les jours le résumé d’observations faites à 8 heures du matin. A midi, ces observations sont reçues et classées, Jusque-là tout est commun dans les deux services français et anglais ; mais à l’Observatoire on fit davantage et on fit mieux. M. Le Terrier eut une idée sur laquelle je ne puis trop, insister, parce qu’elle devait avoir une influence de premier ordre sur la météorologie : c’était d’enregistrer sur une carte muette, par des signes conventionnels, les observations prises à 8 heures du matin, de façon que cette carte résume dans un tableau synoptique l’état de l’Europe entière à l’heure indiquée — absolument, comme on verrait ce continent, si on pouvait le regarder du haut des espaces célestes. Ces cartes sont publiées chaque jour ; c’est un journal accessible à tous, qui a peu d’abonnés tout en méritant d’en avoir beaucoup. Cet important service fut confié à un homme habile, M. Marié Davy, qui s’en acquitta avec talent et ne tarda pas à faire dans cette matière, jusque-là si embrouillée, une découverte capitale.

Pour étendre les ressources de ce service, on demanda le concours de la marine, qui le fournit avec empressement ; mais, comme elle ne pouvait envoyer par le télégraphe ses observations faites à la mer, on fut obligé de publier après coup des cartes quotidiennes plus générales : elles résument les divers, événemens météorologiques qui ont agité le monde pendant les diverses journées des années passées. C’est M. Sonrel qui a été chargé de ce travail, et bientôt l’année 1865 sera dépouillée en entier.

Cela ne suffisait pas encore. Les orages sont des phénomènes locaux qui devaient être localement étudiés. Une heureuse entente entre le directeur de l’Observatoire et le ministre de l’instruction publique fit intervenir tous les établissemens d’instruction, même les écoles normales. On créa des comités départementaux, on étendit sur le monde un large réseau, sur la France un filet à mailles serrées, qui devaient fournir les élémens pour reconstruire, soit les grands mouvemens qui embrassent la terre entière, soit les petits météores qui n’intéressent que notre pays. On sait ce que la science y a gagné.

Au premier regard qu’on jette sur ces documens réunis, sur cette carte qui les reproduit, on ne peut qu’être frappé de l’innombrable variété des faits qui se produisent au même moment sur les divers points de la terre, et de même qu’on ne voit sur un fleuve que