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ces sept mois ; il n’est pas rare qu’il descende au-dessous de zéro. Ceci donne la mesure de l’excédant de chaleur qu’il est indispensable de demander à un combustible quelconque. Les pièces que nous habitons se refroidissent par les parois des murs que la chaleur traverse, avec lenteur il est vrai, mais d’une façon permanente, par les vitres des fenêtres, qui produisent un effet bien plus sensible que les parois, par les mille petits orifices qu’il est impossible de fermer exactement, par l’ouverture des portes. Maintenir une température agréable à l’intérieur en dépit du froid qui sévit au dehors, assurer en même temps un renouvellement d’air favorable à la santé, tel est le problème qui se pose chaque hiver et que chacun résout chez soi plus ou moins heureusement.

Les peuplades sauvages qui occupent les régions froides de notre planète ne connaissent pas d’autre méthode de chauffage que d’allumer au milieu de leurs huttes un grand feu dont la fumée s’échappe par un orifice ménagé dans la toiture. Ce fut aussi, dit-on, le système des Romains, qui habitaient d’ailleurs un climat tempéré, où réchauffement artificiel des demeures est rarement nécessaire. Les maisons d’Herculanum et de Pompéi ne recèlent aucune trace de cheminée. Il est probable que les personnes riches faisaient alors usage de brasiers, c’est-à-dire de vases métalliques très larges dans lesquels on brûle à découvert un combustible, tel que le charbon de bois, qui ne donne pas de fumée ; mais, comme les produits de la combustion se dégagent alors dans l’appartement et deviendraient dangereux pour la santé, ce procédé ne convient que dans des pièces vastes, élevées et parfaitement aérées. En conduisant le feu avec lenteur et en ayant soin de renouveler le combustible par dessous, il est possible d’éviter la formation de l’oxyde de carbone, gaz délétère dont une minime fraction suffit pour empoisonner. Les brasiers sont encore usités en Espagne et dans certaines provinces de l’Amérique du Sud. Les Arabes sous la tente n’ont pas d’autre moyen de combattre le froid, souvent rigoureux dans leurs montagnes.

Les architectes romains avaient encore imaginé d’échauffer les palais par des fours placés au-dessous du rez-de-chaussée, et dont la chaleur se propageait dans la masse des bâtimens. Ensuite on s’avisa de pratiquer des tuyaux dans les murs, afin de porter aux étages supérieurs la chaleur de ces fours. Ce fut là sans doute l’origine des tuyaux de fumée. Plusieurs siècles s’écoulèrent encore avant qu’il fût question de cheminées, car le premier document écrit où cette invention soit mentionnée est une inscription découverte à Venise, et qui constate qu’en 1367 un tremblement de terre renversa un fort grand nombre de cheminées. Toutefois le mot se