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thermomètre descend au dehors à 15 ou 20 degrés au-dessous de zéro.

En somme, tant qu’il ne s’agit que des habitations particulières, la question du chauffage est aisément résolue par des moyens usuels, et le problème de la ventilation n’a qu’une importance secondaire, car nos appartemens, même les plus exigus, laissent à chaque individu un cube d’air considérable. Chacun est maître de prendre chez soi, sans grande dépense, la quantité d’air et le degré de chaleur qui conviennent à son tempérament. Il n’en est plus de même lorsque l’architecte s’occupe de chauffer et d’aérer les vastes salles de réunion que la foule encombre. Remplacer par de l’air pur l’atmosphère lourde et épaisse de ces enceintes, faire disparaître les odeurs méphitiques qu’engendre une nombreuse agglomération de personnes, échauffer en hiver, rafraîchir en été, ce sont des problèmes difficiles qui constituent aujourd’hui une science trop peu connue. Les besoins auxquels il faut donner satisfaction sont au surplus si variés que la même solution ne saurait être appliquée partout. Tantôt en effet il s’agit d’un hôpital, où la ventilation doit être surabondante et la température uniforme en toute, saison ; tantôt c’est une prison cellulaire, où le renouvellement de l’air est chose importante, un théâtre ou une salle de concerts qu’il est indispensable d’échauffer pendant deux ou trois heures seulement avant l’arrivée du public, et qu’il faut au contraire ventiler à profusion, souvent même rafraîchir lorsque l’assistance est nombreuse, ou bien encore une gare de chemin de fer dont certaines parties, les salles d’attente, n’exigent qu’une température de 10 à 12 degrés, tandis qu’en d’autres pièces, les bureaux par exemple, le thermomètre ne doit pas descendre au-dessous de 17 ou 18 degrés.

Toutes ces difficultés ont été vaincues. Les appareils destinés aux établissemens publics ont cela de particulier que l’on en ressent les effets sans presque rien voir de ce qui les constitue. Ce qu’il y a d’apparent ne consiste qu’en des bouches de chaleur, des plaques en fonte percées de trous au niveau du sol, ou, comme cela se voit surtout dans les gares de chemin de fer, de grandes caisses à jour à l’intérieur desquelles se tordent d’énormes tuyaux. Les organes essentiels du système, relégués dans une cave, sont comme une petite usine qui fabrique l’air chaud et le distribue à toutes les parties de l’édifice à proportion des besoins de chaque étage. Les appareils que l’on emploie le plus souvent appartiennent à trois types différens : d’abord ceux à air chaud, qui ne se distinguent en rien, si ce n’est par les dimensions, des calorifères propres à l’usage des habitations particulières, puis les appareils à circulation d’eau chaude, en grande faveur depuis quelques années. Ceux-ci se