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amélioration occasionne est bien faible, si le gros œuvre du bâtiment est disposé en conséquence. Au dire d’un ingénieur expérimenté en cette matière, M. le général Morin, la dépense d’établissement n’excéderait guère 200 francs par lit ; mais, s’il s’agit de bâtimens déjà construits, les frais d’installation s’élèvent, on le comprend, dans une proportion énorme. C’est ce qui explique les dépenses considérables que l’administration de l’assistance publique a dû faire dans les hôpitaux de Paris pour y introduire ces précieux perfectionnemens.

Les Romains, habitués à la vie en plein air que le climat tempéré de leur pays rendait douce et salutaire, n’eurent pas à s’occuper de la ventilation. Leurs théâtres, construits à ciel ouvert, n’étaient fréquentés qu’au milieu du jour, et dans les circonstances exceptionnelles où le grand nombre de spectateurs rendait la température incommode on y remédiait plus ou moins complètement par de fréquents arrosages ou par une légère pluie artificielle. Nos salles de spectacles sont en de tout autres conditions. Hiver comme été, il n’est pas rare qu’un thermomètre placé dans les galeries supérieures y marque 28 ou 30 degrés, parfois même davantage. La chaleur n’y est pas la seule cause de malaise. L’altération de l’air résultant des fonctions vitales de tant d’individus agglomérés, les produits de la combustion que dégagent les appareils d’éclairage, la fumée de la poudre que l’on brûle pendant certains spectacles, bien des causes diverses concourent à vicier l’atmosphère, de manière que les spectateurs éprouvent au bout de quelques heures un vague sentiment de gêne et d’oppression. Un savant dont le nom est attaché à la solution de nombreux problèmes d’hygiène, M. Darcet, avait proposé des dispositions ingénieuses propres à atténuer ces inconvéniens. Ayant remarqué que le lustre suspendu au centre de la coupole est un vaste foyer de chaleur, il imagina d’utiliser cette chaleur, jusqu’alors incommode, au profit de la ventilation. Il suffisait de surmonter le lustre d’une large cheminée par où se ferait l’évacuation de l’air vicié ; mais dans les salles où des orifices d’entrée pour l’air pur n’ont pas été ménagés en nombre et avec une surface convenables dans la partie occupée par le public, cet appel ne détermine qu’un courant d’air dirigé de la scène vers la salle lorsque le rideau est levé, et sans profit pour le bien-être des spectateurs, ou bien il en résulte des rentrées d’air gênantes par les portes des loges et des galeries. Darcet fit établir, dans les théâtres qu’il essaya d’assainir, un calorifère à vapeur placé autant que possible dans un bâtiment voisin, afin d’éviter les chances d’incendie ou d’accident. Ce mode de chauffage est peut-être celui qui convient le mieux à un lieu de réunion, car il permet de ne chauffer