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que durant quelques heures avant l’arrivée du public, et ne retient pas, comme les calorifères à eau chaude, une masse de chaleur qui est perdue à la fin de la représentation. Il faut ensuite conduire l’air chaud dans les vestibules, les escaliers et les couloirs, même à l’intérieur de la salle, par des tuyaux dont les orifices doivent être disposés de façon que le courant qui en sort n’incommode pas les personnes placées dans le voisinage. La disposition la plus heureuse consiste à faire entrer l’air pur par les bancs du parterre, par le fond des loges et surtout par des orifices pratiqués dans le plafond qui sépare chaque étage de loges de l’étage supérieur. Tels sont les principes, très rationnels d’ailleurs, que Darcet avait posés. Par malheur, à l’époque où il traita cette question, le volume d’air nécessaire à une bonne ventilation était évalué à un chiffre beaucoup trop faible. Les orifices et tuyaux d’arrivée de l’air pur avaient des dimensions trop restreintes, et l’appel exercé par le lustre était souvent insuffisant. Lorsqu’il eut appliqué ses théories sur la ventilation aux deux salles du Vaudeville et de l’Opéra, l’effet produit fut insignifiant. On se dit que le système ne valait rien, et l’on s’abstint de le faire fonctionner. La question resta en suspens jusqu’en 1861 ; à cette époque, de nouveaux théâtres d’un aspect monumental ayant été construits à Paris, une commission de savans, de médecins et d’architectes, sous la présidence de M. Dumas, membre de l’Institut, fut chargée d’étudier les moyens d’y assurer une bonne et suffisante ventilation.

Cette commission, convaincue qu’il n’y avait qu’à mettre en pratique les principes posés par Darcet, sauf à en améliorer l’application conformément à l’expérience acquise, dressa un programme pour la construction des appareils de chauffage et de ventilation des nouveaux théâtres. La température intérieure de la salle, des vestibules et des escaliers, de la scène et des foyers ou loges d’artistes, ne devait pas, suivant la commission, descendre en hiver au-dessous de 15 degrés. La ventilation devait s’effectuer à raison de 50 mètres cubes par heure et par spectateur, chiffre un peu faible peut-être au point de vue de l’hygiène, mais qu’il paraissait difficile de dépasser dans la pratique. Le chauffage devait être opéré par un calorifère à air chaud qui seconderait aussi au besoin la ventilation, l’appel exercé par le lustre étant souvent trop faible. Enfin tous les appareils d’éclairage, surmontés autant que possible d’une petite cheminée auxiliaire, devaient concourir à l’évacuation de l’air vicié. Ces améliorations, qu’il eût été facile d’appliquer à des théâtres alors en construction, ne furent pas toutes exécutées ; on reprochait au projet de la commission d’exiger un surcroît de dépenses. Toutefois ce qui en fut adopté produisit des