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parlement de Paris, des présidens et conseillers députés par les parlemens de Toulouse, Bordeaux, Rouen, Dijon, Grenoble, Aix en Provence pour le tiers-état, cette assemblée se réunit le lundi 16 décembre 1527, au Palais de Justice[1].

Le roi vint l’ouvrir avec pompe et s’adressa à elle avec la plus cordiale confiance. Il prit habilement la parole pour exposer dans un discours familier et éloquent sa situation et ses besoins. Il dit qu’il avait convoqué cette assemblée pour remplir le devoir de son office royal, retracer dans leur vérité les choses passées, et donner à connaître à ses sujets le bon vouloir qu’il leur portait et qu’il portait à la France. Sachant toute l’amitié qu’ils avaient pour leur roi, il espérait qu’il n’y en aurait aucun qui ne lui prêtât secours et confort et qui ne le conseillât loyalement.

Faisant l’histoire de son règne et de ses guerres depuis son avènement au trône, il ne s’attribua que des pensées de bien public, repoussa toute intention ambitieuse, ne se reconnut aucune faute et mit sur le compte de la fortune ce qui lui était arrivé de contraire. Il n’insista point sur les victoires et les avantages qui avaient glorieusement marqué le cours de ses premières années, « parce que, dit-il, la coutume n’est pas de louer la prospérité, car d’elle-même elle se loue; mais de l’adversité, ajouta-t-il, je m’en veux justifier. » Il raconta alors d’une façon singulièrement adroite, en des termes souvent spirituels et quelquefois pathétiques, les événemens qui avaient suivi la guerre devenue inévitable contre l’empereur Charles; les désastres qu’avaient provoqués la défection de ses alliés et la trahison du connétable de Bourbon ; la perte de l’Italie et l’invasion de la France; le siège de Marseille, qu’il avait fait lever, et les armes qu’il avait portées de nouveau de l’autre côté des Alpes afin que les ennemis ne pussent pas ravager le royaume avec les leurs; le siège qu’il avait mis devant Pavie, où, faiblement secondé par ceux qui auraient dû le soutenir plus vaillamment, il avait essuyé une défaite et avait été pris en combattant; les tristesses de sa captivité et les dures conditions qui lui avaient été imposées à Madrid ; le douloureux éloignement du dauphin et du duc d’Orléans, ses fils aînés, qu’il avait été réduit à laisser entre les mains de l’empereur comme gages du duché de Bourgogne, qu’on l’avait contraint de promettre et que ses devoirs envers le royaume ne lui permettaient pas de céder; enfin la ligue de Cognac et les puissans efforts par lesquels il était parvenu, à l’aide de ses confédérés, à faire modérer les exigences espagnoles et délaisser la Bourgogne pour une somme d’argent. Il ajouta : « Le

  1. Procès-verbal de l’assemblée des notables au Palais de Paris devant François Ier. — Mss. de la Bibliothèque impériale. Mélanges, 39, 753.