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ment et la vie de tous les membres, les membres subviennent en toutes choses, de même la raison est que au seigneur roi qui est le chef de la chose publique subviennent les membres du peuple français. Puisqu’il le demande si gracieusement là où il peut commander, il faut que ses sujets lui fassent tout le service et aide qu’ils pourront, de conseil et autrement, surtout pour la délivrance de messieurs ses enfans, qui sont nés pour gouverner après lui le royaume[1]. »

L’assemblée s’étant ensuite séparée, le clergé, la noblesse, les cours souveraines, les représentans de la ville de Paris, se réunirent séparément pendant trois jours et délibérèrent sur les propositions du roi. Le vendredi 20 décembre, leurs résolutions étant prises, François Ier vint tenir un nouveau lit de justice dans le vieux palais de la Cité. Il y reçut les offres généreuses qui lui furent faites au nom des divers ordres de l’état. Le cardinal de Bourbon, le premier, dit que la partie de l’église gallicane assemblée dans Paris, délibérant sur ce que demandait le seigneur roi, avait trouvé la chose si juste et si raisonnable que d’un commun accord et d’un même vouloir elle avait décidé qu’il pourrait lui être fait présent de la somme de 1,300,000 francs. Cette somme étant considérable et la levée devant en être difficile, le clergé suppliait le roi de la recouvrer à des intervalles séparés, sans toutefois que la délivrance de ses enfans en fût retardée. En retour de ce qu’il accordait au roi, le clergé requérait de lui trois choses : qu’il lui plût de tirer de sa captivité le pape, qu’on ne savait pas encore être redevenu libre, et de le remettre sur son siège, d’extirper l’hérésie luthérienne qui avait pénétré dans le royaume et s’y répandait, d’entretenir les franchises, libertés et droits de l’église gallicane, ainsi que l’avaient fait les rois ses prédécesseurs[2].

Le duc de Vendôme se leva ensuite, et, parlant au roi pour les princes, seigneurs et gentilshommes, qui plus avaient, selon lui, coutume de faire que de dire, il offrit de leur part non-seulement la moitié de leurs biens, mais le tout, ainsi que leurs corps et leurs vies. « Quant aux autres nobles de France qui n’ont pas été appelés à Paris, ajouta-t-il, lorsqu’ils connaîtront les douces et amiables paroles du roi, ayant vrai cœur de gentilshommes, ils n’ont ni corps ni biens qu’ils n’emploient pour la délivrance de messieurs ses enfans, qui sont aussi les enfans de la chose publique du royaume. »

Le président de Selve, s’étant mis à genoux pour parler au nom des cours souveraines et du tiers-état, reçut du roi l’ordre de se

  1. Procès-verbal de l’assemblée des notables.
  2. Extrait des registres du parlement de Paris sur ce qui s’est passé dans le lit de justice du 20 décembre 1527. — Mss. de la Bibliothèque impériale. Mél, 380, 279.