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et le reste aux frais du roi et de la ligue. C’est vers ce moment que la régente partit pour Cambrai. Avant de se rendre dans cette ville, elle entendit aussi les ambassadeurs italiens, qui la supplièrent d’avoir en souvenir les services et les intérêts de leurs états. Elle leur donna, dans un discours qu’ils trouvèrent admirable, l’assurance « qu’elle ne ferait rien qui ne fût à la pleine satisfaction de tous les confédérés, parce qu’elle savait que telle était la volonté du roi[1]. »


VIII.

Les conférences, fixées à la fin de juin 1529, ne s’ouvrirent que dans le mois de juillet entre les deux princesses chargées de cette grande négociation. Ce fut le 5 de ce mois que Louise de Savoie et Marguerite d’Autriche, accompagnées, la première du chancelier Du Prat et du grand-maître Anne de Montmorency, la seconde de ses conseillers belges les plus habiles, arrivèrent à Cambrai, où elles s’établirent l’une à l’hôtel Saint-Paul, l’autre à l’abbaye de Saint-Aubert, Elles n’étaient séparées que par une rue au-dessus de laquelle on avait pratiqué une galerie afin qu’elles pussent communiquer aisément ensemble et parvenir plus vite à l’accord, dont la conclusion ne fut cependant ni facile ni prompte.

Les divers projets envoyés par l’empereur à la gouvernante des Pays-Bas furent débattus dans leurs conditions successives par la régente de France, qui en repoussa les exigences les plus rigoureuses. Marguerite d’Autriche réclamait l’évacuation entière de l’Italie par François Ier sans que Charles-Quint donnât, comme il l’offrait à Burgos, des sûretés pour la délivrance du dauphin et du duc d’Orléans; elle ne se bornait pas à demander pour la rançon des jeunes princes 1,200,000 écus d’or comptant, elle demandait les 2 millions complets, sauf la déduction des sommes dues à l’Angleterre et ne montant point à 300,000 écus. Outre la restitution de Hesdin du côté des Pays-Bas, elle revendiquait des territoires assez considérables du côté de la Bourgogne et du Lyonnais. Ces négociations laborieuses se poursuivaient au milieu des anxiétés croissantes des ambassadeurs italiens, accourus à Cambrai afin d’y connaître le sort réservé à leur pays.

Elles étaient au moment de se rompre, lorsque les deux représentans de la république de Florence, Carducci et Cavalcanti, allèrent trouver le roi, qui chassait dans les forêts du voisinage en attendant d’apprendre s’il avait paix avec l’empereur ou s’il fallait recommencer plus vivement que jamais la guerre contre lui. Ca-

  1. Lettres de Carducci aux dix de la liberté, des 24 et 26 juin 1529.