Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 68.djvu/437

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cataracte et la mer partagée entre plusieurs états différens d’origine et de civilisation. N’ayant fait que se substituer à l’une de ces puissances, sa présence a laissé subsister les divisions que nous allons faire connaître. La partie sud, avec toute la ligne des côtes, forme la province de la Basse-Cochinchine, annexe de l’empire d’Annam, dont les autres parties se trouvent en dehors du bassin. La Basse-Cochinchine, traversée du nord-ouest au sud-est par les deux bras du Mékong, se dessine à peu près sous la forme d’un triangle dont la pointe sépare la mer de Chine du golfe de Siam ; la plus grande largeur est approximativement de quatre-vingts lieues, la plus grande hauteur de soixante-quinze. La superficie totale mesure environ trois mille lieues carrées, sur lesquelles réside une population évaluée à deux millions d’âmes. Au-dessus de la Basse-Cochinchine, entre le golfe de Siam et les monts des Mois, s’étend le royaume de Cambodge avec une surface de quatre mille lieues carrées et une population qui n’atteint pas huit cent mille habitans. Les Siamois, sortant du bassin du Meïnam, ont usurpé à l’ouest sur le bassin du Mékong et aux dépens du Cambodge les deux provinces de Battambong et d’Angcor, riveraines du grand lac, et s’avancent près du bras ou canal qui du lac conduit à Namvang. Au nord du Cambodge, si l’on dépasse la cataracte, on trouve le bassin du fleuve divisé sur une hauteur de trois ou quatre cents lieues en petits états fort peu connus encore, dont quelques-uns sont peut-être restés indépendans, mais qui, pour la plupart, sont complètement assujettis à l’Annam, à Siam et à la Birmanie, ou placés sous la suzeraineté plus ou moins effective de l’un de ces trois royaumes. L’ensemble de ces états est désigna sous le nom de Laos. Les Anglais y ont déjà pénétré par l’ouest et ont traité avec certains petits princes dépendans de Siam[1].

La Basse-Cochinchine se divise en six provinces situées de l’est à l’ouest dans l’ordre suivant : Bienhoa, touchant à l’est la province annamite de Binthuan; Gyadinh ou Saigon, Dinhtuong ou Mytho, dont la frontière ouest s’appuie sur l’embouchure la plus orientale du bras est du Mékong; Vinluong et Angiang, qui enclavent dans leurs limites toutes les autres embouchures des deux bras; enfin Hatien sur le golfe de Siam, traversée par le canal de Hatien ou de Kankao.

On sait comment la France, conduite et par le désir d’assurer la sécurité aux chrétiens persécutés, et par l’espoir d’ouvrir à son commerce des débouchés nouveaux dans des pays riches et peu

  1. C’est dans le Laos que le gouvernement français dirige actuellement une mission d’exploration dont il attend d’importans résultats.