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régulier des oscillations ou des battemens sur une aiguille, un alphabet ou un clavier. Le fluide électrique est doué d’une rapidité sans égale. Sa vitesse, mesurée par Wheatstone, est de 333,300 kilomètres par seconde. « Pendant la durée d’une seule pulsation de l’artère, a dit M. Le Verrier, l’électricité ferait sept fois le tour de la terre. » Si donc un fil a l’une de ses extrémités à Paris et l’autre à Marseille, si ce fil est convenablement électrisé par une pile de force suffisante, si à chacune de ses extrémités il correspond à une aiguille soumise à un mécanisme identique, il est certain que les interruptions ou les dégagemens d’électricité se feront sentir simultanément au point de départ et au point d’arrivée; en d’autres termes, les signes obtenus sur l’appareil de Paris seront instantanément reproduits sur l’appareil de Marseille. C’est là tout le mystère de la télégraphie électrique; l’électro-aimant en est l’agent indicateur principal, puisqu’il a littéralement des alternatives d’action et de repos, de vie et de mort, selon que les spires du fil conducteur qui entourent le fer doux reçoivent ou ne reçoivent pas le courant électrique. — Tous les appareils dont on s’est servi dans la télégraphie, qu’ils impriment, sonnent, fassent mouvoir une aiguille ou raient le papier, sont construits en vertu des lois que je viens d’expliquer brièvement.

De la théorie — découverte par les grands hommes qui nous ont dotés de la plus féconde invention des temps modernes — à la pratique, il y avait loin, et il fallut attendre bien des années avant qu’on utilisât l’électricité pour la correspondance. Le premier télégraphe électrique établi fat celui de M. Wheatstone, qui fonctionna entre Londres et Liverpool à l’aide de cinq fils agissant sur un système alphabétique complet. Ce nouveau procédé fut communiqué le 8 janvier 1838 à notre Académie des Sciences; huit mois après, la même compagnie examinait l’appareil inventé par M. Morse, professeur à l’université de New-York. La télégraphie électrique s’affirmait, on profitait des expériences déjà faites pour améliorer les instrumens, réduire le nombre des fils, simplifier le mécanisme et faire sortir du domaine de la science pure une invention admirable. Elle donnait déjà de bons résultats en Amérique et en Angleterre lorsque M. Foy, administrateur en chef des télégraphes français, mû par cet esprit excellent de recherche et de progrès qui a laissé d’impérissables souvenirs dans son ancienne administration, partit spontanément pour Londres afin d’étudier par lui-même le télégraphe magnétique dont se servaient nos voisins d’outre-Manche. M. Foy revint convaincu de la supériorité des procédés nouveaux et décidé à en doter son pays. C’est à lui, à son initiative intelligente, il ne faut point l’oublier, que nous devons l’établissement de nos premières lignes électriques. Le 23 novembre 1844, il obte-