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de transport pour suppléer à la consommation des munitions. Ce serait aussi sur l’organisation de l’infanterie que porteraient les mesures attendues au sujet de la réserve. L’instruction individuelle et la remonte des troupes à cheval ont été l’objet de soins particuliers. Beaucoup d’écrivains font en ce moment bon marché de la cavalerie; on la regarde comme condamnée par le canon rayé et le fusil à aiguille, c’est tout au plus si on veut bien lui laisser des destinées secondaires. Tout en croyant qu’il peut y avoir là aussi des modifications possibles, nous ne partageons pas cette opinion. La guerre d’Amérique, que les avocats des armées improvisées invoquent trop souvent à l’appui de leur thèse (car les États-Unis n’étaient pas entièrement dépourvus d’institutions militaires, et la lutte, si colossale qu’elle fût, était une lutte civile, soutenue de part et d’autre par des troupes qui au début avaient le même défaut d’organisation), la guerre d’Amérique présente pour l’emploi nouveau des grands corps de cavalerie quelques exemples intéressans; les mouvemens de Stuart et surtout de Sheridan méritent d’être étudiés. Sur ce point aussi, la dernière campagne d’Allemagne n’a pas été sans enseignemens : le soir de Sadowa, l’attitude de la cavalerie autrichienne a diminué l’étendue du désastre, et dans les rencontres de régimens ou de brigades le poids des hommes et des chevaux, à valeur égale, a décidé du succès. Nous nous sommes donc réjoui en lisant un récent décret qui, augmentant les régimens de cavalerie de réserve, nous a rassuré sur le sort de nos illustres cuirassiers, plus maltraités depuis quelque temps dans la presse qu’ils ne l’ont été sur les champs de bataille d’Eylau ou de la Moskowa. Malgré la nouveauté des « considérans » qui motivaient la création d’une troupe par l’existence du cadre, ceux qui ont encore foi à la furia francese ont applaudi au résultat. On ne saurait douter que bien des questions de premier ordre occupent en ce moment l’attention des chefs de notre armée, et que, sans préparer d’injustes agressions, sans tomber dans les erreurs dogmatiques auxquelles Louvois s’est laissé entraîner, ou qui ont si souvent fait suivre une fausse route au conseil aulique de Vienne, ils sauront imiter le soin avec lequel les Allemands préparent l’emploi de tous leurs moyens militaires. On ne peut songer sans anxiété aux procédés qu’il faudrait savoir combiner pour entretenir et mettre en mouvement les armées immenses qui sont à l’ordre du jour. L’étude du rôle des chemins de fer, de toutes les communications, des voies parallèles ou perpendiculaires à nos frontières, doit marcher de front avec une disposition nouvelle des magasins, ateliers, places de dépôt, qui permette à chaque partie de la France de fournir et de porter partout son contingent en hommes, en ressources, en matériel de tout genre.