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mettre, comme dit M. de Bismark, l’Allemagne en selle. Elle a dû s’y trouver assez bien plantée quand M. de Bismark a fait connaître ses traités secrets, vieux de plus de six mois, avec les états du sud.

On commence à pouvoir mieux apprécier le résultat des élections générales de l’Italie et le caractère du parlement qui en est sorti. Tout bien considéré, il semble que la nouvelle chambre sera plus gouvernable que la précédente, si elle rencontre un ministère capable de la conduire. La majorité est réellement modérée ; elle s’élève, dit-on, à environ cinquante voix. Ce n’est pas beaucoup dans un pays où les principes politiques ont peu de fixité, où des questions personnelles, des intérêts locaux, introduisent des nuances variées et mobiles dans les groupes politiques. Il y a, par exemple, dans le parti modéré un certain nombre de Piémontais d’un zèle conservateur fort violent, mais qui ne sont pas moins excessifs dans leurs antipathies contre le présent cabinet ; des modérés d’autres parties de l’Italie, sans se séparer de l’opinion conservatrice, tiennent parfois à marquer leur indépendance par des votes anti-ministériels trop déconcertans pour le pouvoir. En somme pourtant les hommes de gouvernement ne sont point mécontens de la nouvelle chambre. Elle parait devoir être moins indisciplinée que la précédente, mieux préparée à s’appliquer aux affaires. C’est le résultat que constatent les élections des membres du bureau de l’assemblée ; la gauche a perdu plusieurs représentant au bureau. On remarque aussi que les députés ne se dispersent point, comme dans la dernière session, en un trop grand nombre de réunions politiques. Il n’est guère possible de faire marcher le gouvernement représentatif sans ces réunions de députés où les opinions se classent et se disciplinent. C’est le caucus des Américains, où la conduite des partis au congrès est déterminée par des délibérations préparatoires. Ce mode d’action est très conforme aux mœurs politiques italiennes : le danger serait que le goût des réunions les multipliât trop, et qu’à force de vouloir se concerter on aboutît à l’anarchie. Ce péril ne paraît point être à redouter cette année. Les anciens groupes se sont fondus en deux réunions, celle de la majorité et celle de l’opposition, la première ayant pour le moment sur la seconde l’avantage positif du nombre. Des deux côtés, on semble pénétré de la nécessité de s’appliquer aux affaires et de fixer enfin la situation et la politique financière de l’Italie. On affirme que tous les hommes qui sont des candidats naturels au pouvoir ajournent leurs prétentions, et sont prêts à travailler par une conduite conciliante au maintien de l’union dans le parti modéré. Il semble que la chambre actuelle soit appelée à être un instrument de gouvernement plus docile et plus maniable que la précédente assemblée ; mais quel est le ministère qui sera capable de conduire cette chambre ? Si le cabinet actuel a de bons élémens, il aurait besoin d’être refondu et fortifié par quelques accessions influentes pour pouvoir se promettre une certaine durée. L’opinion voudrait conserver M. Ricasoli à la tête du cabinet ; mais elle voudrait aussi que M. Rattazzi et plusieurs de ses amis, tels que