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durable de tous les bois, et c’est à cette qualité qu’il doit d’être très recherché pour les constructions navales aussi bien que pour les constructions civiles. Les navires en teck durent, dit-on, cinquante ou soixante ans, et Sonnerat, dans son voyage aux Indes en 1774, prétend en avoir rencontré qui avaient cent ans et plus. Depuis longtemps, l’Angleterre approvisionne ses arsenaux de ce bois, qui, comme on le verra plus loin, est l’objet d’un commerce d’exportation considérable. Le teck couvre à lui seul une partie des chaînes de Nilgiri et d’Anamalaï, qui courent parallèlement à la merle long de la côte du Malabar ; il tapisse aussi les vallées du Sittang et de l’Irrawaddy, dans la Birmanie anglaise, où il forme des forêts dont l’étendue est évaluée à 2,400 milles carrés (619,000 hectares). Cet arbre prospère jusque vers le 21e degré de latitude nord, et on le rencontre dans le royaume de Siam, à Ceylan, à Java et dans quelques autres îles de l’archipel indien. Des essais d’acclimatation ont été faits en Afrique, et le jardin botanique d’Alger renferme quelques échantillons de ce précieux végétal, qu’il serait bien désirable de pouvoir introduire chez nous.

Après le teck, l’essence la plus précieuse est le sandal (santalum album). Il n’est pas employé dans les constructions, mais on le débite en petites bûches et on le livre ainsi au commerce, qui le recherche à cause de l’odeur aromatique qu’il dégage. Cette odeur n’est pas du goût des Européens, mais elle plaît beaucoup aux habitans des îles du Pacifique, qui en parfument l’huile de coco dont ils s’enduisent le corps et les cheveux ; les Chinois brûlent ce bois dans leurs temples, et s’en servent comme d’encens. Autrefois assez commun, il devient tous les jours plus rare. Toutefois il peuple encore, surtout dans le Mysore, de vastes forêts qui sont l’objet de soins particuliers. On donne le nom de sandal rouge à un arbre (pterocapus santalinus) qui n’appartient pas à la même famille que le précédent, et qui fournit un bois de teinture estimé. Ce bois présente cette curieuse particularité, qu’il est formé de fibres disposées par couches alternatives et dirigées en sens inverse les unes des autres, de telle sorte que, lorsqu’on le fend dans le sens du diamètre, les deux parties présentent des surfaces anguleuses qui s’emboîtent les unes dans les autres, et que, lorsqu’on le rabote, on y remarque des parties alternativement lisses et déchirées. On s’en sert pour teindre les laines en rouge.

Le sal (shorea robusta), arbre de la famille des dipterocarpœ, se rencontre surtout dans la partie centrale de l’Inde, depuis le fleuve de la Soane, qui se jette dans le Gange près de Patna, jusqu’au Godavery, remarquable par ses canaux d’irrigation qui fertilisent une partie de la présidence de Madras. Il en existe aussi de belles