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législation uniforme ; mais il faut s’attendre à voir s’écouler bien du temps encore avant qu’on puisse appliquer aux forêts de l’Inde les principes d’une culture perfectionnée, et l’on se borne quant à présent à chercher les moyens d’assurer la conservation des massifs et de ne livrer à l’exploitation que la quantité approximative des bois qu’ils peuvent fournir sans s’épuiser. Voici comment on s’y prend, faute de pouvoir faire mieux.

On admet que c’est vers quatre-vingt-dix ans que le teck et les autres essences précieuses ont atteint la maturité et peuvent être livrés à l’exploitation. Afin que l’opération ne porte que sur des arbres ayant au moins cet âge, on divise en quatre classes tous ceux que renferme la forêt : la première comprenant les arbres qui ont plus de 6 pieds de circonférence, la seconde ceux qui en ont plus de 4, la troisième ceux, qui en ont plus de 3, enfin la quatrième ceux qui sont au-dessous de cette dimension. On fixe pour l’exploitation, des arbres de la première classe une période de vingt-quatre ans, à l’expiration de laquelle ceux de la seconde, ayant acquis les dimensions suffisantes, seront à leur tour livrés à l’exploitation pendant la durée d’une période égale, de telle façon qu’en quatre-vingt-seize ans toute la forêt aura été renouvelée. — Ainsi les exploitations doivent porter chaque année sur 1/24 des arbres de première classe ; mais, pour simplifier les opérations et éviter aux agens de trop grandes fatigues, on marque en une seule fois tous les bois qui doivent tomber dans le cours de six années, c’est-à-dire le quart de ceux qui composent la première classe. Six années plus tard, on marquera un second quart, et ainsi de suite. La désignation de ces arbres comprend la double opération du martelage, qui a pour objet de laisser sur le tronc une empreinte, qui l’indique aux exploitans comme devant tomber, et du ceinturage (girdling), qui consiste à faire près de la racine une entaille circulaire de nature à déterminer la mort du végétal. On trouve à procéder de la sorte l’avantage de pouvoir utiliser les bois aussitôt après l’abatage. sans avoir besoin de les laisser sur place pendant le temps nécessaire à la dessiccation, puisque le tronc est déjà sec quand on le coupe. On ajoute que par cette opération l’albumine contenue dans la sève s’écoule ou se décompose, ce qui rend le bois inaltérable, puisque c’est cette substance qui, se désorganisant sous l’influence de l’action atmosphérique, amène la pourriture. Il faut observer d’un autre côté que les arbres séchés sur pied sont beaucoup plus durs et plus difficiles à abattre que les autres, et que parfois les ouvriers se » refusent à cette besogne.

Les agens chargés de ces opérations ne peuvent prendre que des arbres ayant atteint les dimensions de la première classe, en