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Avec les sommes considérables mal employées à cette instruction plus nuisible qu’utile, avec les sommes non moins mal employées à l’entretien de certains petits hôpitaux militaires, où il y a plus de médecins et d’infirmiers que de malades, qui seraient très bien soignés et à moins de frais dans les hôpitaux civils, avec d’autres économies que notre ministre de la guerre voudra réaliser sur les états-majors de places, sur les compagnies de cavaliers de remonte, etc., on aura une armée imposante, capable de grandes choses. Derrière elle, les hommes de la réserve, ignorans, mais animés de l’ardeur du premier zèle, auront le temps d’acquérir cette instruction que vous reconnaissez leur être facile. Pressés du désir de prendre part aux travaux de leurs anciens, ils seront accueillis par eux avec cette cordiale camaraderie, l’une des forces de nos troupes, et qui manque à nos dépôts, ennuyés de s’épuiser à instruire des nouveau-venus dont le départ doit suivre de si près l’arrivée.

Il importe aussi que des économies ou une addition au budget permettent de tirer la plupart des rangs de la hiérarchie militaire de la détresse où ils vivent fièrement sans se plaindre. De sa base au sommet, l’armée française ne prétend pas à la richesse ; les récompenses dont elle est avide sont de l’ordre moral. En argent, l’état ne lui doit que le nécessaire ; il ne le donne pas maintenant. C’est pour notre époque une tache qu’il est urgent d’effacer.


V

Pour sa défense, notre pays est en droit de beaucoup attendre de la garde nationale mobile ; Au lieu de la composer des hommes mariés ou célibataires de la jeune génération, nous souhaiterions qu’elle fût composée de plusieurs bancs :

1° Des célibataires de vingt et un ans à trente-huit ans ;
2° Des veufs sans enfans, de vingt et un ans à trente-six ;
3° Des hommes mariés sans enfans, de vingt et un ans à trente-cinq ;
4° Des pères d’un seul enfant, de vingt et un ans à trente-trois ;
5° Des pères de plusieurs enfans de vingt et un ans à vingt-neuf.

Un recensement commencé sans délai prouverait que, bien avant d’atteindre les pères de famille, on aurait un nombre imposant de bataillons. Les officiers supérieurs, les adjudans-majors, les capitaines et les lieutenans seraient nommés par l’empereur ; l’autorité militaire nommerait les adjudans, les sergens-majors, les fourriers, la moitié des sergens et des caporaux. Les sous-lieutenans, la moitié des sergens et des caporaux seraient élus par les gardes