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élevés à l’industrie, au commerce, aux professions libérales. C’est à quoi sert cet excédant de production qui dépasse les reprises du cultivateur et qu’on appelle le produit net. Là est le véritable bénéfice de la société. Le produit net appartient aux propriétaires comme rémunération de leurs avances foncières ; s’il en revient une part à l’état, ou, ainsi qu’ont disait alors, au roi, c’est parce que l’état contribue lui-même au produit par une quatrième série d’avances, — travaux publics et frais de justice, d’administration et de sécurité. Plus le produit net s’élève, plus la communauté prospère ; d’abord parce que la quantité des produits disponibles s’accroît, et ensuite parce que l’augmentation du produit net permet de multiplier les avances foncières, soit de la part des propriétaires, soit de la part de l’état. Voilà pourquoi Quesnay et son école ont toujours en vue le produit net du sol et le considèrent comme la mesure de la richesse d’un pays. L’expérience universelle leur a donné raison malgré l’opposition qu’ils ont rencontrée et qu’ils rencontrent encore. Les pays les plus riches de l’Europe sont ceux où le produit net agricole monte le plus haut ; ce qui se traduit par l’élévation de la valeur vénale du sol. En France même, nous avons tel département où la terre vaut en moyenne 3,000 francs l’hectare et tel autre où elle vaut 300 francs. Le premier est dix fois plus riche que le second, et, pour emprunter un dernier exemple à l’histoire de notre économie rurale, la rente des terres était descendue sous Louis XIV, et s’est relevée depuis Quesnay dans la même proportion que la richesse générale.

« 7. — Que la totalité des sommes du revenu rentre dans la circulation annuelle et la parcoure dans toute son étendue ; qu’il ne se forme point de fortunes pécuniaires qui arrêteraient la distribution du revenu annuel de la nation et retiendraient le pécule du royaume au préjudice des avances de la culture et du salaire des artisans.

« 8. — Que le gouvernement ne s’occupe qu’à favoriser les dépenses productives et le commerce des denrées du cru, et qu’il laisse aller d’elles-mêmes les dépenses stériles.

« 9. — Qu’une nation qui a un grand territoire à cultiver et la facilité d’exercer un grand commerce des denrées du cru n’étende pas trop l’emploi de l’argent et des hommes aux manufactures et au commerce de luxe, au préjudice des travaux et des dépenses de l’agriculture, car, préférablement à tout, le royaume doit être peuplé de riches cultivateurs. »

La septième maxime reproduit la pensée première du Tableau économique et participe de son obscurité ; c’est une théorie de la circulation qui trouvera mieux sa place plus bas. Les deux autres ne font que répéter la théorie de Quesnay sur la prééminence de