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celui de l’Italie. Il est vraisemblable que le succès des opérations de M. Barzanallana servirait à l’amélioration de la situation politique intérieure de l’Espagne ; la disette du trésor a dû fort contribuer à la morosité du cabinet de Madrid. Dans les mesures dont le projet a été présenté aux cortès, le ministre pourvoit à divers ordres d’intérêts. Les vieilles dettes en souffrance de l’Espagne, amortissable et coupons anglais, dont la liquidation était réclamée depuis si longtemps et à l’occasion desquelles les marchés de Londres, de Paris et d’Amsterdam avaient été fermés au crédit espagnol, ces dettes seraient comprises dans une émission de rentes qui apporterait en outre à l’état une soulte de 200 millions. Le cabinet de Madrid aurait, dit-on, le dessein de consacrer 100 millions sur les 200 à secourir par des subventions les compagnies de chemins de fer espagnols où se sont engloutis des capitaux français si considérables. On rapporte que le projet de loi relatif aux chemins de fer ne sera représenté aux certes que dans la session de la fin de cette année. Ce projet serait cependant stipulé dans le traité de l’emprunt comme un engagement de l’état que ne saurait altérer aucun changement de ministère. Il faut espérer que ces bonnes mesures économiques ne seront pas sans influence sur la situation intérieure de l’Espagne. Mieux fourni de ressources, le ministère pourra se montrer plus conciliant et plus modéré. Il fera bien, par exemple, de renoncer au système des passeports qu’il a rétablis pour les voyages à l’intérieur. Cette vexation policière du passeport a rendu les Espagnols encore plus sédentaires que de coutume, et la diminution des voyages se fait notablement sentir dans le trafic des chemins de fer. Il importerait aussi à la prospérité de l’Espagne que les tarifs douaniers à l’importation par mer et à l’entrée par les frontières de terre fussent assimilés. Par la maladresse des différences maintenues dans ses tarifs, le trésor espagnol ne fait qu’encourager la contrebande, et se prive sottement d’une partie de la prime d’encouragement qu’il abandonne aux contrebandiers.

La réforme parlementaire a fait encore de grands pas à la chambre des communes dans la semaine qui a précédé les vacances de la Pentecôte. On en avait fini avec la question de la franchise électorale dans les bourgs et dans les comtés. Le droit de suffrage avait été ramené aux limites les plus extrêmes, et la constitution électorale de l’Angleterre avait pris irrévocablement un caractère démocratique. On est passé au remaniement à opérer dans la distribution des sièges. M, Disraeli entendait priver, pour fait de corruption électorale, plusieurs bourgs du droit de représentation ; par ces radiations et quelques nouvelles démarcations territoriales, M. Disraeli était en possession d’un certain nombre de sièges dont il entendait doter des districts industriels et populeux qui n’étaient point encore admis directement à la représentation. Le chancelier de l’échiquier n’avait pas, dans sa première proposition, poussé loin le désaffranchissement des petits bourgs, par égard, disait-il, pour l’opposition, qui comptait dans ces bourgs