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l’Orient. Il y a d’ailleurs entre l’Africain et l’Arabe du sud une affinité évidente, qui résulte du voisinage et des rapports anciennement établis, qui facilite, sinon la fusion complète, du moins le rapprochement étroit des deux races.

Riad ne possède que deux édifices dignes d’être mentionnés : le palais du roi et la mosquée. Le palais, dont la façade se développe sur la place du marché, est presque aussi vaste et aussi élevé que les Tuileries ; mais c’est un bâtiment lourd et massif, qui est dépourvu de toute beauté architecturale, qui ressemble plutôt à une forteresse ou à une prison qu’à la demeure d’un souverain. Le roi occupe avec ses femmes un pavillon rectangulaire, dont une seule pièce, la salle des audiences, est ouverte aux étrangers. Cette pièce mesure quinze mètres de long sur six de large. D’autres pavillons sont habités par les princes de la famille royale ainsi que par les principaux dignitaires ; ils sont amênagés et meublés avec un luxe que l’on ne s’attendrait pas à rencontrer dans ce pays, où le mobilier est en général réduit à sa plus simple expression. Une cour extérieure sert de parc d’artillerie ; on y compte une vingtaine de canons. La mosquée de Riad, située de l’autre côté de la place, forme un grand parallélogramme dont la toiture repose sur quatre piliers de bois recouverts d’une couche de terre. Le bâtiment est très bas ; il n’a de remarquable que les longues allées à colonnes qui s’étendent à l’intérieur et dans lesquelles plus de quatre mille croyans peuvent trouver place, en laissant entre chaque rang l’espace nécessaire pour que les fidèles se prosternent la face contre terre sans toucher de leur tête les talons de ceux qui les précèdent. Le sol est nu et semé de cailloux, l’austérité du culte wahabite condamnant les tapis et même les nattes. Le minaret, que proscrit également la doctrine, est remplacé par une simple plate-forme. Les règles extérieures du rite sont d’ailleurs conformes à la simplicité du monument. Les wahabites ne se croient point obligés de procéder aux ablutions avant la prière, les prières sont beaucoup plus courtes que celles des autres musulmans, l’immobilité complète n’est point observée, les fidèles en entrant dans la mosquée n’ôtent pas leurs sandales ; en un mot, les pratiques multipliées et minutieuses qui sont obligatoires à Constantinople, à Damas, au Caire, sont supprimées ou tout au moins négligées dans le culte wahabite, qui a la prétention de dédaigner les formalités accessoires pour ne s’attacher qu’à l’essence même de la foi, aux pures doctrines du Coran.

S’il ne s’agissait que de voir la physionomie d’une ville arabe, il ne serait point nécessaire de s’avancer aussi avant dans l’intérieur de la péninsule ni de courir autant de risques pour pénétrer dans la capitale du Nedjed, car il ne semble pas, d’après les récits de M. Palgrave, que Riad se distingue beaucoup des autres villes de