Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 69.djvu/561

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en même temps qu’ils révélaient le dommage. A-t-on su mettre à profit leurs recherches scientifiques ? C’est encore une question qu’il conviendra d’examiner en son temps.


II

Toute matière organique est putrescible. Tout ce qui a vécu se décompose dès que la vie l’abandonne, et cette décomposition tantôt lente, tantôt rapide, se résout en gaz méphitiques, en liquides colorés d’une odeur répugnante, en un faible volume de substances solides que leur nature minérale soustrait à la transformation universelle. Les belles paroles de Bossuet sont l’expression bien réelle de ce qui se passe après la mort : « Notre chair change bientôt de nature ; notre corps prend un autre nom ; même celui de cadavre ; parce qu’il montre encore quelque forme humaine, ne lui demeure pas longtemps : il devient un je ne sais quoi qui n’a de nom dans aucune langue. » Les cimetières, lieux de décomposition et de corruption, sont par le fait un voisinage insalubre ; mais la question d’assainissement, simple affaire d’hygiène en d’autres occasions, se complique ici du pieux respect dû à la dépouille humaine. Chaque nation a ses usages funèbres que la loi serait impuissante à changer, et que le survivant, même par intérêt pour sa santé personnelle, considérerait comme une profanation de modifier. Il serait donc superflu de discuter, au point de vue pratique, si les cadavres doivent être brûlés, comme on l’a quelquefois proposé, plutôt qu’enfouis. Les champs du dernier repos doivent être acceptés tels qu’ils sont, sans même que l’on puisse avoir la prétention de rendre plus usuelles les méthodes d’embaumement.

La question étant ainsi délimitée, il est facile de reconnaître que l’assiette et la tenue des cimetières, ainsi que tout ce qui a trait aux inhumations, laissent encore fort à faire aux hygiénistes. C’est peut-être en France que l’on rencontre sous ce rapport les dispositions les mieux entendues. L’inhumation s’effectuant, comme on sait, à très bref délai après la mort, le séjour du corps à domicile n’est jamais si prolongé que le voisinage en puisse éprouver quelque incommodité. En Angleterre, au contraire, l’ensevelissement est souvent ajourné outre mesure. Il en est surtout ainsi parmi les classes laborieuses, qui remettent volontiers au dimanche la cérémonie des funérailles, afin d’y réunir un plus grand nombre d’assistans. On a signalé bien des fois le danger que crée un tel retard, mais c’est une de ces habitudes qu’un règlement de police ne saurait corriger.

L’usage se perpétue aussi dans la Grande-Bretagne d’ensevelir