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pendant la durée des grandes crues, Le même inconvénient se représenterait ici, bien qu’avec un moindre caractère de gravité. Où gît la difficulté, qu’on ne le perde pas de vue, c’est dans l’énormité de la masse de liquide à remuer ; à ce point de vue, on regrettera peut-être plus tard d’avoir centralisé dans un seul émissaire le produit de tous les égouts de Paris, au lieu de le répartir entre plusieurs points et à plusieurs niveaux différens.

Et cependant le drainage parisien ne remplit encore qu’une partie des fonctions que les ingénieurs lui réservent et que la force des choses même lui attribue ; il ne recueille pas les ordures ménagères et les immondices des rues, il ne reçoit que les eaux vannes des vidanges, dont la portion excrémentitielle est séparée est enlevée à part par des moyens que notre état de civilisation désavoue. Tout cela reviendrait à l’égout, si l’on n’était embarrassé du torrent infect que vomit déjà le collecteur d’Asnières. Nous ne saurions prévoir comment la difficulté sera résolue ; il nous suffit d’avoir montré combien la question de nettoyage s’amplifie dans une cité de deux millions d’habitans, quels obstacles elle rencontre, et quels heureux résultats ont été réalisés jusqu’ici ou le seront plus tard par un ensemble de travaux admirables.

Il ne nous reste plus qu’à résumer les renseignemens que nous a fournis cette longue étude sur l’insalubrité des fabriques et des villes. On a vu que l’industrie est en bonne voie, puisque chacun de ses perfectionnemens marque un progrès sanitaire, et que la condition hygiénique des ouvriers qu’elle occupe, loin de s’aggraver, comme on l’a dit quelquefois, devient chaque jour meilleure ; mais on a vu aussi que nombre d’usines sont encore une juste cause d’effroi pour le voisinage, que les prescriptions réglementaires qui les régissent sont souvent éludées ou mal comprises, qu’une surveillance effective déterminerait de nouvelles améliorations, et qu’il y a sous ce rapport une lacune dans la législation française. L’hygiène des centres de population, grandes villes ou simples bourgades, ne se présente pas non plus sous un aspect satisfaisant. Si quelques municipalités ont entrepris d’onéreux travaux d’embellissement, il est rare que la question de salubrité ait été embrassée dans son ensemble, traitée dans ses détails essentiels. Sans en excepter Paris, où cependant les progrès ont été plus sensibles que partout ailleurs, nulle part le difficile problème d’un assainissement rationnel n’a été résolu d’une façon complète. Les cimetières, souvent malsains, n’assurent pas toujours aux dépouilles humaines la rapide transformation en poussière qui est la dernière marque de respect que nous puissions payer aux morts. Les eaux d’égouts, — quand les villes ont des égouts, — infectent les rivières. Notre