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n’est plus douteuse. les rares métayers qui arrivent à l’aisance sont ceux qui osent tenter quelque effort sortant de la routine ; les propriétaires qui voient grossir leur lot annuel sont ceux dont les tenanciers ont été le plus aidés, le plus encouragés, autrement dit le mieux dirigés.

D’où peut venir l’exemple, d’où peut partir l’initiative indispensable au succès ? Évidemment des grands propriétaires seuls, qui sont les plus éclairés, qui peuvent voir les choses de plus haut, qui possèdent plus de moyens pour essayer et pour attendre. Il ne s’agit d’ailleurs pour eux que de continuer ainsi les plus lointaines traditions de la propriété. Au-dessous d’eux, ce qu’on peut espérer, c’est que l’impulsion sera suivie grâce à l’évidence des avantages obtenus. En toute hypothèse, il importe que les plus avancés et les plus forts s’aident eux-mêmes par l’étude, par la recherche des améliorations que nécessite le cours du temps. Remarque essentielle qui ne s’applique pas seulement au métayage, mais encore à toute innovation pouvant favoriser l’essor des richesses du pays. Les extensions dont les cultures locales sont susceptibles, qui pourraient devenir la source de si larges profits, et tous les changemens analogues, ne relèvent évidemment que des mêmes initiatives.

N’allons pas croire, suivant une tendance trop commune dans notre pays, qu’il suffit de s’adresser au gouvernement et d’implorer son assistance : on serait sûr d’étouffer ainsi l’action là même où il est le plus nécessaire de la stimuler. Sans doute le gouvernement a son rôle, et on a pu pressentir déjà ce qu’il pouvait être dans le Périgord. Tout ce qui concerne les voies de communication, les routes, les chemins de fer, la navigabilité des rivières, dépend de l’autorité publique. Elle peut beaucoup en ce sens pour activer le développement des forces productives de la Dordogne. Ainsi on pourrait améliorer le lit de l’Isle, déjà canalisé sur une partie de son cours, et pousser plus loin le travail de canalisation. On pourrait compléter sur quelques points du département le réseau ferré, par exemple en dirigeant à travers l’arrondissement de Nontron la ligne projetée d’Angoulême à Limoges, en prolongeant la ligne de Bergerac vers le haut de la riche vallée de la Dordogne. On pourrait enfin hâter le moment où seront repris les travaux de cette malheureuse ligne de Libourne à Bergerac, qui n’offre à l’œil en ce moment que des ruines attristantes. Toutefois le rôle du gouvernement, en dehors du devoir de l’administration, qui consiste à faciliter la vie commune est surtout, à l’heure qu’il est, politique et social. Parcourez les différentes régions de la France, arrêtez-vous dans les petites comme dans les grandes cités, vous serez