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mieux qu’aucun métal, il résiste à l’écrasement ; il n’a contre lui que la cherté, et c’est un défaut dont il se corrige chaque jour.


III

Parmi les produits de la grande industrie, il en est peu qui soient plus largement représentés à l’exposition que la machine à vapeur. On en trouve de toutes les dimensions et de toutes les formes, depuis l’humble locomobile jusque l’imposante locomotive américaine. Dans les petites machines, l’esprit d’invention sembla avoir éprouvé un temps d’arrêt ; mais les perfectionnemens vont à l’infinie Rien de plus coquet, rien de plus ingénieux, de mieux ajusté que ces petits engins à vapeur qui sont distribués un peu au hasard dans le parc et les galeries. Les locomobiles pullulent, et on s’aperçoit aux dispositions qu’elles présentent qu’elles sont désormais au service de l’industrie tout autant qu’à celui de l’agriculture ; introduites dans les fabriques à titre d’auxiliaires, elles y ont gagné leurs chevrons et y restent à titre définitif. Quoi de plus commode en effet qu’une force qui se transporte et qui n’astreint celui qui en use à aucune des dépenses inhérentes à l’établissement des machines fixes, chaudières, murs de séparation, cheminées hautes comme des obélisques ? Pour les grandes machines à vapeur, il n’y a guère à signaler qu’une exécution de plus en plus soignée et un accroissement de dimensions et de puissance. Parmi les types de premier rang, on peut citer la machine marine installée sur les berges de la Seines, et qui semblerait de taille a en épuiser les eaux, si elle y procédait sans ménagement, comme aussi cette locomotive à huit roues accouplées, qui peut emporter en un seul voyage vers les lacs de l’Amérique, du Nord l’équivalent de la population d’une ville moyenne. Prodigieuse industrie que celle des chemins de fer ! née d’hier, elle s’est emparée du gouvernement de toutes les autres, et dans beaucoup de cas elle en règle la fortune. On peut dire de cette industrie quelle dispose du temps et de l’espace ; elle est du moins plus prosaïquement le principal agent de locomotion qui existe. En 1865 par exemple, la dernière année qui fournisse des chiffres complets, nos chemins de fer ont transporté 84,025,516 voyageurs avec une moyenne de 40 kilomètres de parcours, et 34,010,436 tonnes de marchandises avec une moyenne de 152 kilomètres de parcours, c’est-à-dire pour un transport ramené à un parcours de 1 kilomètre 3,330,630,807 voyageurs et 5,172,847,825 tonnes. D’un autre côté, les recettes brutes se sont élevées pour les voyageurs à 184,215,213 fr., pour les marchandises à 314,009,184, et pour les articles de messageries à 80,032,474, en tout 578,856,871 fr.,