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d’opinions très certaines et de connaissances très sûres dans chaque science particulière.

Tout cela dit, et nos désirs exprimés pour l’avenir, prenons l’Annuaire de M. Dehérain tel qu’il nous le donne. Nous y trouvons un intéressant article sur la constitution physique des corps célestes, étudiée d’après leur lumière, par M. George Rayet, astronome de l’Observatoire — M. Élie Margollé rend compte des progrès que la météorologie a réalisés récemment. Ces progrès ne sont peut-être pas en rapport avec la prodigieuse quantité de renseignemens que l’Observatoire de Paris a accumulés depuis quelques années. On peut dire pourtant que la plupart des bourrasques qui viennent nous assaillir suivent un courant aérien dirigé de l’ouest à l’est, au-dessus du gulf-stream, et abordent ainsi l’Europe par sa côte occidentale. Ces bourrasques sont de véritables tourbillons : un centre de dépression barométrique se déplace avec une vitesse plus ou moins grande ; autour de ce centre, relativement tranquille, l’air se meut violemment en cercle. Ces faits résultent avec évidence des cartes synoptiques qui ont été publiées récemment…. faut-il dire par M. Marié-Davy ou par l’Observatoire ? On ne sait, car cette publication a donné lieu à de fâcheuses contestations. Aussi bien on accuse l’Observatoire de tenir un peu à cet égard la lumière sous le boisseau. A-t-il vraiment quelque lumière sous son boisseau, et se réserve-t-il de nous en éblouir un jour ? — M. Simonin, ingénieur des mines, traite la question de l’épuisement de la houille. Considérant l’ensemble des principaux pays carbonifères, les îles britanniques, la Belgique, l’Allemagne, la France, voire les États-Unis, il trouve que la production de la houille va en doublant tous les quinze ans, et il arrive à conclure que dans trois ou quatre siècles les houillères seront bien épuisées ou bien difficiles à exploiter. Il cherche donc dès maintenant comment on pourra remplacer ce combustible, qui doit manquer prochainement au genre humain. C’est à la chaleur solaire qu’il y a lieu de recourir en dernier ressort. C’est à la chaleur solaire, emmagasinée par le travail des siècles, que la houille doit le pouvoir de faire tourner nos machines. A défaut de houille, il s’agit d’emmagasiner par un procédé quelconque la chaleur du soleil. M. Simonin propose à cet effet un moyen nouveau, moins propre à entrer dans la pratique qu’à rendre sa pensée sous une forme saisissante. Exposez au soleil des boules d’argile réfractaire capables de s’échauffer jusqu’au rouge blanc sans se fondre ; dirigez sur elles les rayons solaires à l’aide d’un miroir réflecteur ; quand ces boules se seront saturées de chaleur, conservez-les dans des récipiens spéciaux, comme vous mettez la neige dans les glacières, vous aurez ainsi des réservoirs de chaleur, et il vous suffira, pour faire bouillir l’eau d’une chaudière, d’y jeter un certain nombre de vos boules caloriques. Les Russes, dit-on, usent de ce moyen pour élever à volonté la température de leurs bains. M. Simonin ne se pique pas d’ailleurs d’avoir indiqué un procédé usuel pour recueillir la chaleur solaire, et il nous