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sur lesquels nous voulions appeler l’attention de nos lecteurs. Ici nous retrouvons M. Meunier, dans toute l’ardeur de son tempérament militant, il défend avec une extrême vivacité la cause de l’hétérogénie, et il a ouvert un combat à outrance contre M. Pasteur. Il ne se borne point du reste à une discussion théorique ; il poursuit lui-même des expériences pour battre en brèche les travaux du grand chef des panspermistes. On ne peut que l’en louer. C’est avec un juste orgueil qu’il présente à l’Académie le résultat de ses recherches, poursuivies à l’aide des minces ressources d’un homme étranger aux laboratoires officiels, à l’aide des moyens insuffisans dont dispose « un physicien en chambre. » Il faut regretter toutefois le ton acrimonieux qu’il apporte dans cette controverse. Un mémoire qu’il a lu le 22 janvier de l’année dernière au sein de l’Académie y a soulevé une véritable tempête, et ce n’est qu’au milieu d’un orage toujours croissant que le lecteur a pu parvenir au bout de son manuscrit. Si l’assemblée ne lui a pas retiré la parole, c’est qu’il pouvait arguer du droit de défense, et que M. Pasteur, lui aussi, avait employé précédemment à l’égard de son adversaire un langage peu mesuré. Il est temps que de part et d’autre on renonce à d’amères récriminations. Aussi bien les résultats qu’on présente au public soit dans le camp des panspermistes, soit dans le camp opposé, n’offrent rien de bien concluant, et il semble que la modestie convienne également aux deux partis. Les hétérogénistes enferment dans des ballons des liquides putrescibles ; ils prennent de minutieuses, précautions pour les préserver de ces germes « ultra-microscopiques » qui sont répandus dans l’atmosphère ; au bout de quelque temps, des êtres organisés apparaissent dans les ballons. — Soit, répondent M. Pasteur et ses partisans, cela prouve seulement que vous avez pris contre l’entrée des germes des précautions insuffisantes. — Voyons donc, demandent les hétérogénistes, les précautions qu’il faut prendre. — Là-dessus M. Pasteur exhibe à son tour des récipiens préservés de tous germes par les moyens de son choix, et il montre que les liquides en sont stériles. — Ils le seraient à moins, ripostent ses adversaires ; par vos procédés, par le feu, l’eau et l’huile bouillante, l’air calciné, la séquestration, le vide de la machine pneumatique, vous avez détruit soigneusement toutes les conditions dans lesquelles la vie a l’habitude de se manifester. — La controverse se traîne depuis longtemps entre ces argumens ; elle n’a guère avancé depuis Needham et Spallanzani.

Les derniers incidens académiques relatifs à la génération spontanée ont été soulevés par le docteur Donné, recteur de l’académie de Montpellier ! En 1863 et 1864, M. Donné, ennemi déclaré de l’hétérogénie, avait présenté à l’Académie des recherches sur l’altération spontanée des œufs. Il avait expérimenté d’abord sur des œufs frais, non fécondés, pendant la saison chaude. La coquille des uns était entière ; les autres avaient été percés au sommet d’une ouverture assez grande pour donner passage au petit doigt. Au bout de huit jours environ, des moisissures s’étaient