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créés par la situation politique et militaire de l’Europe, sans nuire au développement de la population. On eût mieux réussi à concilier ces deux intérêts, si les populations françaises étaient douées d’une plus vive spontanéité, si l’esprit d’association fût entré assez profondément dans leurs mœurs publiques pour les exciter à se former en corps de volontaires, si l’on eût pu organiser, comme en Angleterre, une sorte d’armée auxiliaire libre à côté de l’armée active, et multiplier dans nos provinces des corps semblables à celui dont les francs-tireurs des Vosges viennent de montrer à Paris le vaillant et pittoresque échantillon. Quoi qu’il en soit, les lois sur la presse et le droit de réunion devront être la contre-partie morale et politique des sacrifices demandés à la nation par la loi militaire. On laisserait place à d’énergiques et puissantes revendications, si l’on négligeait de proportionner tout de suite la compensation des libertés aux efforts militaires qui seront imposés à la France. Quant au budget, malgré les dépenses de préparation qui ont été nécessaires cette année pour l’armement et l’approvisionnement de l’armée, les ressources, il faut l’espérer, seront suffisantes pour couvrir les besoins sans qu’il y ait lieu de faire appel au crédit. L’abolition de la dotation de l’armée va en effet laisser à la disposition de l’état un capital considérable, représenté par des espèces et en plus grande partie par des titres de rentes. Il doit y avoir là des ressources qui nous paraissent devoir éloigner la nécessité d’un emprunt.

La question financière va prendre en Italie une importance toute politique. A notre avis, la lecture de l’exposé des plans de M. Ferrara n’a point justifié les impressions favorables transmises par les premiers résumés télégraphiques. Les vues de M. Ferrara ne nous semblent pas moins éloignées du but pratique que celles de son prédécesseur. La faute commune de ces deux ministres est de lier et de confondre une question politique de l’ordre le plus grave avec les chances d’un précaire expédient financier. Le problème financier en Italie consiste a réaliser 600 millions d’ici à la fin de 1868, pour combler un déficit de somme à peu près égale, et, grâce à des réductions de dépenses, à des créations d’impôts et à l’accroissement du produit des taxes existantes, de préparer pour l’exercice 1869 un équilibre approximatif. Le déficit ayant été calculé au chiffre où il devra s’élever à la fin de 1868, le souci du moment est de trouver d’ici là les 600 millions nécessaires. Le penchant prononcé des financiers politiques italiens est de chercher dans l’appropriation à l’état et dans l’aliénation d’une portion des biens-fonds ecclésiastiques les 600 millions qui leur sont immédiatement indispensables. Sur ces 600 millions, on ne demanderait que 430 millions à l’aliénation des propriétés foncières du clergé, car l’état se trouve en possession d’un capital de 170 millions appartenant au clergé et constitué en rentes italiennes. C’est donc une réalisation prochaine de biens ecclésiastiques pour une somme de 430 millions que recherchent les financiers de Florence. — Ils savent qu’ils ne pourraient espérer d’en pouvoir