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politique clairvoyant, froid, hautain dans l’esprit, mais dans le cœur, plein de la passion du patriotisme italien, et capable des résolutions les plus hardies, victime d’ailleurs destinée à une fin tragique. En Suisse, le mouvement révolutionnaire, qui couvait sous la forme des gouvernemens réguliers, éclate par un coin. En petit et bien des années d’avance, on y eut la représentation de la lutte, dans une confédération républicaine, une majorité aspirant à la centralisation et d’une minorité séparatiste, lutte qu’on devait voir quinze ans après se porter à des extrémités si violentes dans l’Union américaine. Heureusement pour la Suisse et même pour le Sonderbund, la ligue des petits états fut promptement vaincue et le désordre ne put se prolonger. Mais les mariages espagnols et l’hostilité anglaise qui les suivit, l’avènement de Pie IX et la fermentation qu’il excita en Italie, le Sonderbund et l’occasion qu’il fournit à la démocratie européenne d’avoir un premier sentiment de sa force et de la révéler n’étaient que les préludas des commotions qui allaient ébranler la France et changer le cours de notre vie politique intérieure. Les réformes politiques, la campagne des banquets, le parti pris par le cabinet de rester au pouvoir et de ne point céder au mouvement réformiste, puis l’effondrement soudain des journées de février, voilà la conclusion sur laquelle se terminent et la monarchie parlementaire et la carrière politique des M. Guizot, et le livre où il a voulu fixer pour l’avenir la marche de cette émouvante histoire. Ce dernier volume, de M. Guizot, nous avons plaisir à le rappeler, est au point de vue du talent, une œuvre digne d’admiration. Les idées et les conduites qui y sont exposées fourniront aux hommes politiques un abondant sujet de réflexions et de sérieux enseignemens. Il faut se hâter d’étudier et de comprendre cette histoire qui conserve encore pour les contemporains la chaleur de la vie. e. forcade.




REVUE MUSICALE.
L’Opéra — Mlle  Nilsson. — Le roi de Hanovre et M. Joachim.


L’Opéra revient à son répertoire et les belles représentation se succèdent. Si Don Carlos n’a point répondu à ce qu’on attendait, ce n’était pas une raison pour abandonner un ouvrage que patronnait le nom de Verdi, et qui d’ailleurs se recommandait à la curiosité du public par un certain luxe de mise en scène. Don Carlos, habilement ménagé, poursuit, grâce à