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toutefois elle ne le cède que par maigres étincelles : c’est un capital placé solidement, mais à petit intérêt. Nous allons voir que les nouvelles machines ont pour but d’élever le taux des intérêts et de les capitaliser dans une rapide progression. Cette sorte de spéculation est facilitée en confiant le dépôt électrique à un métal. Les métaux, s’ils ne gardent pas l’électricité, en revanche la conduisent, la mettent en circulation, et nous offrent ainsi le moyen de l’accroître par une combinaison heureuse de dépenses et de rentrées.

Supposons qu’au gâteau de résine on substitue un disque de métal qui a reçu une très faible charge d’électricité négative. Pour qu’il la garde, il faudra l’entourer de substances isolantes telles que la résilie, le verre, le caoutchouc durci. On le montera sur un support de verre, on le couvrira d’une couche de vernis ou d’une plaque de verre. Dès lors on approchera impunément le plateau supérieur. A travers la cloison isolante, l’électricité négative déposée dans le disque pourra encore influencer le plateau ; mais elle ne pourra pas s’y précipiter comme elle le ferait, s’il y avait contact direct. Les fluides seront donc encore séparés dans le plateau supérieur, et en soutirant avec le doigt ou avec une pointe métallique le fluide négatif, qui est repoussé, on chargera le plateau positivement comme auparavant ; si on le soulève, on trouve qu’il peut donner une faible étincelle. Il s’agit maintenant d’utiliser cette charge pour augmenter peu à peu celle du disque inférieur. On y arrive par une combinaison qui déjà se trouvait appliquée vers la fin du siècle dernier dans le duplicateur de Bennett, qui sert de base à une foule d’appareils du même genre imaginés par divers physiciens. Le principe des duplicateurs est le même que celui des nouvelles machines électriques ; il était connu depuis longtemps, mais l’on n’en soupçonnait pas la fécondité, et l’on négligeait d’en tirer les dernières conséquences.

Pour faire fructifier la charge positive du plateau supérieur, il faut la transporter dans un autre plateau semblable, appuyé sur un second disque pareil au premier. On l’y fait passer en soulevant le premier plateau et le mettant en contact direct avec le second pendant qu’on touche le second disque. Voici comment les choses se passent : le fluide positif du second disque s’échappe par le doigt, son fluide négatif resté, pour ainsi dire, en observation devant le fluide positif des deux plateaux réunis ; ce fluide abandonne, le premier plateau et se fixe dans le second, où il est attiré par la charge négative du second disque. Alors on sépare les plateaux, et on replace le premier, désormais vide, sur son disque. Nous avons maintenant deux quantités à peu près égales de fluide négatif, l’une qui était restée dans le premier disque, l’autre qui vient d’être créée dans le second : il s’agit de les réunir dans le premier. Rien n’est plus facile : on met les d’eux disques en communication directe après avoir débarrassé le second de son plateau, afin de rendre la liberté au fluide négatif qu’il contient. Ce