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électrisée négativement à l’aide d’un bâton de résine ; elle produit une polarisation locale, ou séparation locale des fluides sur le disque tournant aux points qui défilent vis-à-vis d’elle pendant la rotation. Le fluide positif est momentanément fixé, l’autre s’échappe par une pointe métallique disposée derrière le disque tournant, à la hauteur du point où la séparation des fluides a lieu. Le fluide positif reprend sa liberté quand la rotation du disque l’a conduit hors de la portée de l’armature négative, mais il se trouve bientôt amené entre une seconde pointe et une seconde armature. Une partie s’écoule, alors par cette seconde pointe, une autre passe dans l’armature, qui se charge positivement et commence aussitôt à combiner son jeu avec celui de la première armature. Ceci ne donne encore qu’une idée très imparfaite des phénomènes assez énigmatiques sur lesquels repose la machine de M. Holtz ; mais il serait hors de propos d’entrer ici à ce sujet dans plus de détails. Beaucoup de tentatives ont été déjà faites pour simplifier cette machine ou pour la perfectionner ; je ne puis dire si on y a réussi. Ce qui est certain, c’est qu’elle donne des effets merveilleux. Le courant dont l’origine est dans les deux pointes conductrices peut remplacer celui des machines d’induction ; il produit une forte commotion sans qu’on ait besoin de recourir à des batteries de Leyde ; les étincelles que l’on tire des conducteurs peuvent atteindre une longueur de 10 centimètres, même lorsqu’on se sert d’une machine de petite dimension. La machine de M. Tœpler ne fournit pas des effets aussi éblouissans, mais elle est plus sensible, c’est-à-dire qu’elle s’amorce plus facilement ; il paraît même qu’elle peut entrer en activité sans qu’on ait besoin d’électriser préalablement l’un des disques. Bennett avait déjà constaté un fait analogue avec son duplicateur ; il faut admettre que le léger frottement des organes de la machine dégage toujours spontanément une première provision d’électricité qui ne tarde pas à devenir appréciable, grâce à la rapide multiplication dont elle est l’objet.

Les machines électriques sans frottement transforment donc en électricité statique le mouvement de rotation d’un volant que l’on fait tourner à l’aide d’une manivelle. Les machines magnéto-électriques de MM. Wilde, Wheatstone, Siemens et Ladd transforment ce mouvement en électricité dynamique, c’est-à-dire en courans analogues à ceux des piles. Elles agrandissent singulièrement l’horizon que l’illustre Faraday a ouvert en faisant connaître les phénomènes de l’induction.

On sait aujourd’hui que toutes les fois qu’on approche ou qu’on éloigne l’un des pôles d’un aimant d’un circuit fermé, par exemple d’un fil de cuivre enroulé en hélice, ce dernier est traversé instantanément par un courant électrique : c’est ce qu’on nomme un courant induit. Dès lors, si on fait tourner un circuit de fil métallique entre les pôles d’un aimant, il doit se produire dans le fil une succession rapide de courans que l’on peut recueillir et utiliser comme le courant continu d’une pile. Cette idée a été