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à trois étages : dans ces appareils, l’électricité, élevée à la troisième puissance, suffit pour faire fondre sur une longueur de près de 40 centimètres une baguette de fer forgé de 6 millimètres d’épaisseur, et sur une longueur de 2 mètres un fil de 1 millimètre. Dans ce formidable torrent de chaleur, les métaux les plus réfractaires se liquéfient en un clin d’œil. Le pouvoir éclairant de la machine Wilde n’est pas moins extraordinaire. Dans une expérience, on plaça sur un toit élevé une lampe électrique garnie de deux crayons de charbon de 12 millimètres de côté, et on la mit en rapport avec la machine à triple effet. Aussitôt on en vit jaillir une lumière qui projetait sur les murs les ombres des becs de gaz dans un rayon de six à sept cents pas. Jamais lumière artificielle n’avait eu cet éclat. Une feuille de papier photographique, exposée à ces puissans rayons, fut noircie en si peu de temps que, d’après un calcul fort simple, cette lumière devait produire à un mètre de distance tout autant d’effet que le soleil de midi au mois de mars.

Dans la machine de Wilde, la source première de tous les phénomènes est donc encore le magnétisme d’un aimant permanent. M. Wheatstone et M. Siemens ont eu simultanément l’idée lumineuse de supprimer l’aimant, de le remplacer par un simple morceau de fer doux qui devient électro-aimant par la vertu des courans qu’il engendre lui-même dans son armature, lorsqu’elle est mise en rotation. Cela semble paradoxal, mais l’expérience n’en a pas moins réussi : il est vrai qu’il faut encore ici amorcer la machine. On prend donc un noyau de fer doux entouré d’un fil en hélice et qui simule un électro-aimant. Entre les deux pôles, on fait tourner une armature semblable à celle de la machine de Wilde ; c’est une armature d’une construction très ingénieuse, due à M. Werner Siemens, qu’il serait trop long de décrire ici. Pour le moment, aucun effet électrique ne se produit encore ; mais qu’on mette le fil du fer doux en rapport avec une petite pile, aussitôt ce fer s’aimante, et l’armature devient le siège de courans d’induction. Alors on supprime la pile ; on constate qu’il y a encore dans le fer doux un petit reste de magnétisme qui suffit à entretenir pendant quelques instans les courans induits ; on en profite pour lancer ces derniers dans le fil qui entoure le fer doux. Aussitôt ce dernier reprend ses forces, il donne naissance à de nouveaux courans qui reviennent toujours alimenter l’électro-aimant qui les produit, et ce jeu se continue aussi longtemps que l’on fait tourner l’armature. Une machine de ce genre produit dès effets d’une intensité vraiment extraordinaire.

M. Ladd, constructeur d’instrumens de physique, a exposé une autre machine qui repose sur le même principe. Au lieu d’un électro-aimant à deux pôles, il en emploie un à quatre pôles, formé de deux lames parallèles. Entre les premiers pôles tourne l’armature qui alimente l’électro-aimant, entre les pôles opposés, une autre armature indépendante dont le courant est utilisé pour produire des effets quelconques. Dans toutes ces machines,