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on voit donc un simple mouvement de translation engendrer indéfiniment la force électrique lorsqu’une fois pour toutes on a détruit l’équilibre des polarités opposées dans un corps qui peut s’aimanter ou s’électriser. C’est ainsi qu’une horloge toute montée ne commence à marcher que si on pousse le balancier ; ensuite la pesanteur se charge et du balancier et des aiguilles, tant il est vrai qu’il n’y a que le premier pas qui coûte.

Un phénomène des plus remarquables, que nous avons déjà mentionné à propos de la machine de Holtz et qui se reproduit dans les machines magnéto-électriques, c’est la grande résistance qu’il faut vaincre quand l’appareil est en pleine activité. Dans la machine de Wilde, la courroie de transmission qui fait tourner l’armature du grand électro-aimant commence à glisser dans la gorge de la poulie lorsque les courans atteignent l’intensité maximum ; en même temps les fils des bobines s’échauffent quelquefois au point de faire prendre feu à l’enveloppe isolante de soie qui les entoure. La résistance qui se manifeste ici vient de l’attraction exercée par les courans induits sur les aimans qui les font naître ; on produit ces courans en faisant tourner l’armature en sens contraire du mouvement qu’ils tendent eux-mêmes à lui imprimer. Cette circonstance semble établir une certaine analogie très frappante entre les phénomènes de la cohésion d’une part et ceux du magnétisme de l’autre. Lorsque nous essayons de détruire la cohésion par une action mécanique quelconque, nous provoquons presque toujours des vibrations élastiques qui se manifestent pour le sens du toucher sous la forme de frémissemens, pour l’oreille sous la forme d’ondes sonores. De même, lorsque nous cherchons à vaincre l’attraction magnétique, nous donnons naissance à des courans induits, ne dirait-on pas une vibration née de la rupture d’équilibre des forces polaires ? Il est difficile d’entrevoir dès à présent de quelle nature peut être la vibration de l’éther qui produit l’électricité et le magnétisme : si c’est une vibration tournante analogue à celle que produit la torsion, ou bien une vibration longitudinale comme celle de l’air qui propage le son, ou enfin un autre mouvement d’une forme inconnue. L’analyse des phénomènes qui accompagnent la transmutation du mouvement en électricité permettra peut-être bientôt d’éclaircir cette mystérieuse question.

En attendant, les nouvelles machines constituent un très grand progrès au point de vue pratique, puisqu’un simple arrangement de quelques fils et de quelques plaques de fer permet d’accroître dans une progression étonnante la plus faible provision de magnétisme. Il suffit même, paraît-il, de placer la machine dans le méridien magnétique pour que déjà elle commence à s’aimanter sous l’influence des pôles terrestres, comme toutes les pièces de fer qui restent quelque temps dans cette position. Si l’on fait ensuite tourner la roue, la faible trace de polarité magnétique qui s’est développée spontanément s’enfle, s’accroît et déborde bientôt en courans d’induction d’une puissance qui semble n’avoir pas de limites. Ces appareils,