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cultivés ; — était commune et au 1er mai l’assemblée des habitans désignait l’étendue où chaque chef de famille avait le droit d’aller couper la bruyère. Aujourd’hui beaucoup de ces communaux ont été partagés, et les anciens usages ne survivent que dans l’immense plaine qui s’étend entre l’Elbe et le Weser, la Luneburger-Heide. Pour tirer meilleur parti de ce sol ingrat, il faut, après avoir répandu sur le sol la marne, qu’on trouve en beaucoup d’endroits à une très petite profondeur, planter des résineux où adopter une meilleure rotation. En Hanovre, les associations provinciales d’agriculture ont pris une excellente mesure qu’il faudrait imiter ailleurs. Elles tracent pour les cultivateurs qui le désirent un plan d’amélioration, et envoient même des agens spéciaux pour en surveiller l’exécution. Un chiffre fera comprendre l’importance de cette innovation. En Hanovre, les associations agricoles, pendant la seule année 1863, ont contribué à transformer la culture de 771 exploitations situées dans 302 communes. L’assolement auquel on arrive est le système alterne appliqué à un mauvais sol, et il comprend : 1° pommes de terre et lupins 2° seigle, 3° trèfle blanc et graminées, 4° seigle, 5° pois, enfin 6° avoine. De cette façon, on obtient de quoi entretenir un bétail suffisant tout en se passant du secours qu’apportait la bruyère. Celle-ci, partagée entre les habitans, est peu à peu mise en valeur, et chaque année la région productive s’étend. Quoique la terre soit peu fertile et le climat humide et froid, la Westphalie et la partie avoisinante du Hanovre nourrissent une classe nombreuse de paysans aisés. La plupart d’entre eux sont propriétaires d’exploitations de 25 à 50 hectares. Nulle part dans le royaume la grande propriété n’occupe aussi peu de place qu’ici ; elle ne prend que les 16 centièmes du territoire. Le chiffre des bêtes à cornes est élevé, 1550 par mille carré et 342 par mille habitans ; mais, chose singulière pour un pays de bruyères, le nombre des moutons est très restreint, il ne dépasse guère celui des bêtes à cornes. On élève aussi beaucoup de porcs dont les jambons sont renommés, et beaucoup de chèvres. Le nombre de ces utiles animaux s’est élevé dans la province de 28,000 en 1816 à 131,000 en 1861 ; c’est du lait pour cent mille ménages pauvres.

La plus grande partie de la province rhénane est montagneuse. Sur la rive gauche du Rhin s’élèvent les hautes croupes du Hunsruck, que la Moselle contourne, et celles de l’Eifel, qui, au sommet du Hone-Acht, montent à 2,360 pieds. Sur la rive droite se prolonge le soulèvement du Westerwald, riche en minerai, mais extrêmement défavorable à la culture. Dans toute la région élevée, le sol, formé par l’effritement des schistes argileux et de la grauwacke, est froid et peu perméable. Le climat est en outre des plus rudes ;