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UN PELERINAGE
AUX
SANCTUAIRES DU PAGANISME

L’OLYMPE ET LE STYX.

Un des progrès les plus heureux de la critique contemporaine, qu’elle s’applique aux littératures, à l’art ou aux religions, c’est l’importance qu’elle donne à la connaissance pittoresque des contrées où se sont produites les grandes créations du génie humain. L’histoire ne s’enferme plus étroitement comme autrefois dans le cabinet solitaire des savans, parmi les documens arides de l’érudition : elle se fait volontiers voyageuse ; elle se plaît à évoquer sur leur terre natale la trace des peuples anciens, et sous le ciel même qui les a éclairés elle comprend mieux les vicissitudes de leur existence et les monumens de leur esprit. C’est en Orient, c’est en Grèce, dans la patrie des vieilles civilisations, qu’une pareille étude est surtout féconde et attrayante. Là en effet, dans les temps reculés, les hommes ont vécu en union très intime avec la nature, tour à tour charmés ou effrayés des merveilles qu’elle leur présentait. Celle-ci a travaillé avec eux à la direction de leurs premiers actes, à l’enfantement de leurs premières pensées, à leurs religions, à leur poésie primitive. C’est cette influence de la nature extérieure ou plutôt cette œuvre commune de la nature et de l’esprit grec que nous essaierons de montrer dans les deux grands dogmes de l’Olympe et du Styx, du paradis et de l’enfer païens, en recherchant en face des horizons mêmes qui les ont provoquées jadis les sensations simples et profondes qui déterminèrent en Grèce sous