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se trouvaient comme commandans de corps d’armée et comme divisionnaires les hommes les plus habiles ou les plus populaires, sans distinction d’origine d’ailleurs, Napolitains ou Piémontais, garibaldiens ou réguliers : Cialdini, esprit vif et hardi, âme intrépide, qui n’avait pas encore paru au premier rang, mais qui semblait destiné cette fois à jouer un des rôles les plus actifs ; Brignone, le modèle des divisionnaires, exact, solide au feu et prévoyant ; Govone, le négociateur du traité avec la Prusse, officier brillant, expérimenté, quoique jeune encore, qui avait fait son apprentissage de la guerre un peu sur tous les champs de bataille, sur le Danube, à Silistrie avec Omer-Pacha, dans l’armée anglaise d’Orient avant l’arrivée des Piémontais en Crimée, en 1859 dans la campagne de Lombardie ; — d’anciens chefs de volontaires, tels que Sirtori, Cosenz, Medici, Bixio ; le Napolitain Pianelli, l’ancien ministre de François II, militaire d’autant d’instruction que de sang-froid, et qui devait montrer un rare coup d’œil. Le prince royal commandait une division, et le prince Amédée, duc d’Aoste, était à la tête de la brigade des grenadiers de Lombardie dans la division Brignone. L’armée régulière se complétait par un corps de volontaires porté successivement de 16,000 à 40,000 hommes, et qui devait naturellement marcher sous les ordres de Garibaldi, appelé de son île de Caprera. Je ne parle pas de la flotte, qui était l’orgueil de l’Italie et qui semblait destinée à combiner ses mouvemens avec l’armée de terre.

À cette force guerrière qu’elle voyait se masser devant elle, qu’avait à opposer l’Autriche ? Elle était d’abord forte de ses positions présentant un front hérissé de fer et de feu, et de plus, elle avait elle-même une armée considérable avec laquelle elle pouvait attendre le choc de l’Italie. Placée entre deux orages qui se formaient pour elle au nord et au midi, décidée à faire face des deux côtés, elle réunissait dans le Vénitien 200,000 hommes ; mais sur ces 200,000 hommes 110,000 au moins devaient être employés en observation ou en garnisons : 20,000 gardaient la vallée supérieure de l’Adige, du côté du Tyrol ; 25,000 occupaient l’Istrie, Palmanova, Trieste, Pola ; 10,000 observaient le littoral de la Dalmatie ; 55,000 étaient distribués entre les places fortes, Vérone, Mantoue, Peschiera, Legnago, Venise. Il ne restait donc tout au plus que 90,000 hommes pour le corps principal d’opérations, qui se composait du 5e corps de l’armée autrichienne sous le prince Lichtenstein, du 7e corps sous le général Maroicic, du 9e corps sous Hartung, plus une division de réserve commandée par Rupprecht et une brigade de cavalerie aux ordres du général Pultz.

Ce vigoureux noyau était placé en arrière de l’Adige, entre Vérone, Vicence et Padoue. L’armée autrichienne semblait inférieure en