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propriétaire qui se fait bâtir une maison soit de découvrir une source ou de creuser un puits sur son domaine. On dirait au premier abord que l’eau est un bien répandu à profusion sur la croûte terrestre, et que chacun est libre de s’approvisionner aux inépuisables réservoirs que la nature a ménagés. Par malheur il n’en est pas ainsi : les rivières, souillées par les détritus de la vie animale et des fabriques, ne fournissent trop souvent qu’un liquide malsain ; les sources, chargées de sels terreux et minéraux, sont quelquefois impropres à la boisson et aux usages domestiques ; ailleurs il n’y a ni sources ni rivières. De là est née une science qui a pour but de découvrir les eaux de bonne qualité qui se cachent dans le sein dey la terre, et de les amener à portée des consommateurs par des canaux artificiels, science déjà vieille, puisque les Romains ont laissé des preuves magnifiques du soin qu’ils apportaient aux ouvrages hydrauliques, récente toutefois à d’autres égards, car le microscope et les minutieuses analyses de la chimie moderne sont seuls capables de nous éclairer sur la valeur relative des eaux d’origine diverge qui coulent à la surface du globe.


I

Si l’on veut apprécier les vertus et les défauts dont l’eau peut être douée, il faut suivre par la pensée les pérégrinations qu’elle accomplit soit à l’état liquide, soit à l’état gazeux, et examiner les causes multiples qui en altèrent la pureté naturelle. Les vapeurs aqueuses qui s’élèvent dans l’atmosphère au-dessus des mers, des rivières et des étangs sont, comme on sait, de l’eau distillée, c’est-à-dire un composé à proportions invariables de deux corps simples, oxygène et hydrogène. Ces vapeurs sont toujours d’une pureté parfaite, qu’elles émanent d’un marais fangeux, d’un océan saumâtre ou d’un clair ruisseau. Réunies et déjà presque condensées, elles forment les nuages qui planent au-dessus de nos têtes. Un dernier degré de condensation les précipite sur le sol, où elles arrivent en gouttes encore vierges, sauf l’addition d’une notable quantité d’air dissous et de parties infinitésimales d’ammoniaque et d’acide carbonique empruntées aux couches aériennes que traverse la pluie. Si l’on s’avisait de mettre les nuages en bouteilles ou que l’on recueillît simplement l’eau de pluie avant qu’elle n’ait touché la terre, on aurait une boisson potable, mais qui paraîtrait un peu fade, parce qu’elle manquerait des élémens minéraux qui donnent la sapidité au liquide que nous avons coutume de boire.

On sait que l’eau de pluie, à moins d’averse extraordinaire, ne