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hydrographique de la Seine, en vue d’éviter les travaux trop onéreux qu’eût exigés l’apport des sources d’un autre bassin. C’eût encore été un champ bien vaste, si des considérations géologiques n’en eussent restreint tout de suite l’étendue. Au voisinage immédiat de Paris apparaissent des terrains gypseux qui rendent les eaux séléniteuses à un haut degré, c’est ainsi que les fontaines alimentées par les anciens aqueducs d’Arcueil, de Belleville et des Prés-Saint-Gervais ont toujours eu la réputation d’être impropres au blanchissage. Cet inconvénient n’eût-il pas existé, il eût encore été très difficile ou trop onéreux de s’approprier les sources qui arrosent les vallées riches et peuplées de la banlieue. Au-dessous des couches de gypse, de marne et de calcaire grossier qui forment comme un îlot de terrains tertiaires autour de Paris, les sondages ont révélé l’existence d’une puissante couche de craie, épaisse de 400 mètres ; au-dessous encore règnent les calcaires jurassiques. Ces couches successives, étant inclinées sur l’horizon du sud-est au nord-est, se relèvent au niveau du sol dans la partie haute du bassin ; La craie affleure sur presque toute l’étendue de l’ancienne province de Champagne ; au-delà, vers les sources primitives de la Seine et de ses grands affluens, le calcaire jurassique se montre à son tour et forme les limites du bassin. Les sources qui émergent du calcaire jurassique marquent à l’hydrotimètre de 17 à 24 degrés, ce qui les classe parmi les eaux de bonne qualité. Elles apparaissent à une grande élévation au-dessus du niveau de la mer, en sorte qu’il serait aisé de les faire couler vers Paris dans un lit artificiel ; mais la distance à franchir ne serait pas de moins de 250 à 300 kilomètres let la dépense de construction de l’aqueduc serais exorbitante. Sur le terrain crayeux, les sources ne sont ni moins bonnes ni moins abondantes, et elles sont plus rapprochées. On résolut d’emprunter à cette région l’eau nécessaire pour compléter réapprovisionnement de la capitale.

Le voyageur qui s’éloigne de Paris par l’une des branches du chemin de fer de l’Est traverse en quelques heures les plaines blanches de la Champagne, dont il aperçoit, à droite et à gauche des vallées qu’il parcourt, les horizons dénudés, terre pauvre et ingrate, en partie transformée aujourd’hui par une agriculture bien entendue, et célèbre dès longtemps par les productions de la vigne qui ont fait au pays une réputation universelle. A voir ce sol stérile, que le peuple à qualifié d’un surnom énergique, on ne se douterait guère que de temps immémorial les hommes s’en sont disputé la possession les armes, à la main, et qu’il recèle à chaque pas les traces de toute notre histoire, les souvenirs de nos guerres depuis Attila jusqu’à Napoléon, voire les témoignages authentiques et les débris