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Murales qui décorent les grands palais de Munich et de Berlin. Ses deux principaux représentans sont morts ; Owerbeck et Cornélius, qui avaient exposé leurs cartons en 1855, ont rejoint dans la postérité les maîtres à l’imitation desquels ils s’étaient consacrés, le premier introduisit jusqu’à un certain point l’ascétisme dans la peinture ; ses modèles furent fra Angelico et fra Bartbolomeo, et à voir ses œuvres on eut pu croire que toute son esthétique consistait à réduire le corps à un minimum de densité afin qu’il ne nuisît pas à l’âme. L’autre, sorte de peintre apocalyptique, cherchant à dégager le symbolisme des mythes anciens, disciple des doctrines de Kreutzer, touchant à toutes les parties de l’histoire, jeta une clarté souvent bien confuse sur la Bible, Faust et les Niebelungen. Tous deux, ils grandirent sous l’inspiration de la Bavière et furent catholiques. Le seul grand maître qui reste aujourd’hui à l’Allemagne, c’est M. Kaulbach, et il est protestant ; c’est là sa force et sa puissance. Les peintres ont été longtemps, comme l’écrivain A. Guillaume Schlegel, catholiques par prédilection d’artiste ; » Munich se crut devenue l’Athènes de l’Allemagne. « S’il y manque des Alcibiades, a dit Henri Heine, les chiens du moins n’y manquent pas ! » Cette gloire est passée aujourd’hui ; l’avènement de Frédéric-Guillaume IV détermina à Berlin un vif mouvement vers les arts ; ce mouvement fut exclusivement protestant, et il est maintenant dirigé par M. Kaulbach. D’une façon secondaire, et surtout pour la peinture de genre, l’école de Dusseldorf lui donne la main.

La Bavière cependant, mue par un sentiment d’amour-propre national qu’il faut comprendre, a fait bande à part ; elle a réclamé son autonomie, s’est fait construire une galerie particulière et veut absolument ne pas être confondue avec les autres nations de langue allemande. C’est là une question délicate que nous n’avons pas à juger ; mais les grands travaux de M. Kaulbach ont été exécutés pour l’escalier et le vestibule du musée de Berlin, ils sont empreints d’un protestantisme manifeste : il nous est donc bien difficile de voir en lui le chef d’une école catholique à peu près disparue aujourd’hui, et, sans tenir compte des prétentions de telle ou telle capitale, nous diviserons simplement la peinture allemande en peinture de genre et en peinture d’histoire. Les hommes enthousiastes qui veulent l’unité de l’Allemagne, qui chantent la célèbre chanson d’Ernest Arndt : « Quelle est la patrie de l’Allemand ? c’est tout pays où retentit le langage germain, où les chants célèbrent Dieu dans son ciel, » n’en seront pas fâchés.

M. Knaus (Wiesbaden) est le maître de la peinture de genre ; s’il n’a pas su se débarrasser encore complètement de certains tons bleus qu’il tient de son éducation première, il n’en est pas moins