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arrivé à une science de composition rare, à une vérité remarquable dans les types et à une sorte d’ironie douce qui paraît être le caractère distinctif de son talent. C’est un familier de nos expositions, c’est en France que sa réputation a pris naissance et a grandi. L’Allemagne nous avait confié un élève, nous lui avons rendu un maître. On peut reprocher à M. Knaus de trop procéder par teintes plates et de pousser l’amour du détail jusqu’à l’excès ; le tableau intitulé Une petite Paysanne cueillant des fleurs dans une prairie est sous ce double rapport, curieux à étudier ; c’est, je crois, un des derniers qui soient sortis de l’atelier du peintre, et il contient jusqu’â l’excès ses deux défauts principaux. C’est là un côté anglais du talent de M. Knaus, et sur lequel il fera bien de veiller. Il n’a pas la minutie d’exécution des artistes britanniques, et je ne lui ferai pas l’injure de comparer sa facture à celle de MM. Sydney Cooper et Henry Wellis ; mais, comme eux, il ne peut se résigner à aucun sacrifice, il suffit qu’il ait vu une chose pour qu’il veuille la représenter, il ignore la loi d’élimination, dont l’application cependant est rigoureuse dans les arts, et alors il surcharge sa composition d’une quantité d’accessoires inutiles. Un de ses meilleurs tableaux, Saltimbanque, où tout est bien à point, où l’ordonnance est bonne, où l’expression va de pair avec l’exécution, est déparé et presque alourdi par l’excessif encombrement des détails qui, sollicitait l’attention aux quatre coins de la toile, ne lui laissent le loisir de se reposer nulle part. Tel qu’il est néanmoins, et malgré ces critiques, M. Knaus a dans les arts une importance qu’il serait injuste de ne pas reconnaître. Il est loin de posséder le talent de M. Meissonier et le style très élevé de M. Jules Breton, mais il est supérieur à la plus grande partie de nos peintres de genre, et comme tel il nous offre d’utiles enseignemens.

M. Liezenmayer (Bavière) n’a pas les hautes qualités qui distinguent M. Knaus, mais il a un coloris meilleur, plus franc, plus sincère ; où l’on voit l’effort vers la nature même ; il se tient dans des nuances blondes qui sont fort agréables, et donnent un aspect charmant à son tableau intitulé Marie-Thérèse nourrissant l’enfant d’une pauvre malade. Le sujet par lui-même était de nature à donner motif à un beau tableau, car en peinture, comme en toutes choses de l’esprit à sa part, le choix du sujet ne laisse pas que d’être grave et, sans être à cet égard aussi exclusif que Diderot, on peut affirmer que certains sujets portent plus que d’autres. Nos peintres français ignorent trop cette loi fort simple de la composition où l’antithèse obtient naturellement des oppositions fort heureuses dans l’expression et dans les costumes, c’est-à-dire dans les lignes et dans le coloris. L’impératrice, très richement vêtue, offrant son