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basses du parcours, à 100 mètres au lieu de 58. Le peu d’inclinaison des berges aura un autre avantage, celui d’offrir peu de surface à l’action du remous occasionné par le passage des navires, et qui viendra mourir sur cette légère pente comme le flot sur la grève.

Les machines opérant sur le parcours des lacs ont une physionomie particulière. On ne pouvait songer à transporter les déblais à la mer ; les lagunes voisines du tracé n’offraient pas la profondeur nécessaire aux porteurs ni même aux chalands ; il a donc fallu, que les dragues jetassent leurs produits sur la berge même et le plus loin possible en raison de la nature particulièrement liquide des déblais. Deux systèmes d’engins ont permis de résoudre le problème : les dragues à long couloir et les élévateurs. Nous avons déjà parlé des grandes dimensions ; données au couloir de certaines dragues ; mais aux lacs Menzalèh il fallait arriver à l’énorme longueur de 60 ou 70 mètres. Aussi le couloir, muni d’une charpente spéciale en tête, forme-t-il un engin à part, reposant sur une plate-forme flottante accolée à la drague et se déplaçant avec elle. Pour que ce conduit ait une pente suffisante, il a fallu donner à la drague une très grande élévation ; beaucoup d’entre elles, de véritables monumens, ont 15 ou 16 mètres de hauteur, la dimension d’une maison à trois étages.

L’élévateur est un curieux engin : qu’on se figure un immense plan incliné soutenu sur une charpente en tôle, et dressé, comme ces grues de chargement installées sur nos quais, au-dessus d’une plate-forme tournante ; cette plate-forme elle-même fait partie d’un chariot placé sur la berge et se mouvant sur des rails parallèlement à la rive. L’extrémité la plus haute du plan incliné se dresse au-dessus de la plaine, tandis que l’autre, appuyée sur un chaland-support flottant près de la berge, descend jusqu’à 2 mètres au-dessus du niveau de la mer. La drague fonctionnant dans les environs déverse ses déblais dans une série de grandes caisses rangées au fond d’un chaland-flotteur. Le chaland est ensuite amené sous la partie inférieure du plan incliné de l’élévateur. Une machine à vapeur est placée sur le chaland-support ; le mécanicien la met en marche, des crocs soulèvent une des caisses du chaland ; elle remonte d’un mouvement uniforme le long du plan incliné et arrive au point culminant : à ce moment, un mécanicien fait ouvrir les clapets de la caisse, qui se vide instantanément et revient se placer dans le chaland pour faire place à une autre. Le mouvement de rotation de l’élévateur sur la plate-forme et son déplacement sur les rails permettent de répartir uniformément le déblai sur le revers de la berge. Cet ingénieux appareil, en raison de l’intermittence du fonctionnement, du prix élevé de revient, donne un rendement notablement