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Après avoir ainsi opposé aux ambitieuses théories de son impérial correspondant les doctrines traditionnelles du saint-siège, contestables peut-être pour tout autre, mais plus difficiles à réfuter pour celui qui revendiquait avec ostentation la qualité de restaurateur de la religion catholique et de fils aîné de l’église, Pie VII renouvelait à Napoléon les témoignages de sa sincère et constante affection.


« Nous le répétons, disait-il, nous sommes et nous serons toujours fermement disposé à montrer à votre majesté les plus grands égards, lorsqu’ils seront compatibles avec notre qualité de chef de la religion et avec l’indépendance de notre souveraineté, à laquelle il ne nous appartient pas de renoncer ni seulement de déroger… Que votre majesté considère nos raisons sous toutes leurs faces, et nous sommes sûr que dans la profondeur de ses vues elle en reconnaîtra toute la force… Animée comme elle est de l’esprit de la religion, pour le bien de laquelle elle professe un zèle si louable,.. vengeur et défenseur de l’église, elle ne saurait, sans se mettre en contradiction avec elle-même, exiger que nom adoptions des principes par lesquels notre indépendance temporelle, si avantageuse à notre mission spirituelle, arriverait à être entièrement détruite… Que votre majesté se rappelle notre conduite à son égard… Les faits n’ont pas besoin d’être cités ; ils sont connus de l’Europe entière ; ils y ont produit l’universelle conviction de notre partialité décidée pour votre majesté. Lorsqu’il lui est si complètement impossible de douter de nos dispositions favorables à son égard, comment la générosité de son âme ne répugnerait-elle pas à la pensée de faire violence à notre volonté. Nous reconnaissons que le rétablissement de la religion en France est dû à votre majesté ; nous savons tout ce qu’on peut espérer d’elle… Au milieu de tant de tribulations qui nous accablent, nous n’avons d’autre soutien que la droiture de nos intentions, la confiance que nous inspire la justice de notre cause, et surtout l’espoir que l’affection filiale de votre majesté répondra à l’effusion de notre tendresse paternelle ; .. mais si nous nous étions trompé, si le cœur de votre majesté ne devait pas être touché par nos paroles, nous souffrirons avec une résignation évangélique tout ce qui pourra nous arriver. Nous nous soumettrons à toute espèce de calamité et l’accepterons comme venant de Dieu… Nous affronterons toutes les adversités de cette vie plutôt que de nous rendre indigne de notre ministère en déviant de la ligne que notre conscience nous a tracée. Votre majesté, au commencement de son règne, a réparé en grande partie les maux que l’église avait soufferts en France. Elle ne voudra pas appesantir aujourd’hui sa main sur le chef de l’église universelle. Elle écoutera cet esprit de sagesse et de prudence qui la distingue, et qui lui a déjà fait reconnaître que la prospérité des gouvernemens et le repos des