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LA
REFORME EN ANGLETERRE

LE MEETING D’HYDE-PARK ET L’ENQUETE SUR LES TRADES’ UNIONS

Le 6 mai 1867, Londres était en proie à une vive agitation. Depuis plusieurs semaines, on annonçait pour ce jour-là un meeting général de toutes les associations ouvrières. Il s’agissait de la réforme électorale. La manifestation devait avoir lieu dans Hyde-Park, et l’on craignait qu’elle ne devînt l’occasion de désordres encore plus graves que ceux dont les masses populaires s’étaient rendues coupables l’été dernier dans une circonstance analogue. En effet, les processions ouvrières, arrivant de divers côtés, devaient, disait-on, se réunir sous les fenêtres mêmes des opulentes et aristocratiques demeures de Park-Lane, aux cris de « guerre au capital » et « à bas la noblesse ! » Certes on était loin des heureux temps de lord Gordon, chers à la mémoire du parti conservateur, et de cette année 1780, signalée par des violences populaires qui à la même place avaient été exercées dans un esprit hostile au développement des idées libérales. Les choses sont bien changées, et la situation il y a deux mois paraissait d’autant plus grave que le ministère, après l’avoir compliquée par des alternatives de menaces et d’irrésolution, avait fini par décider à la dernière heure que le gouvernement ne ferait aucun préparatif de défense, ne prendrait aucune mesure préventive ou répressive contre la manifestation. Cependant quelques jours plus tôt, dès que le bruit s’était répandu qu’un corps de troupes devait se concentrer vers la capitale, cinquante