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semblables unions. L’approbation du souverain pontife ne résulte donc en aucune façon du fait qu’un ecclésiastique quelconque, voire un légat, et le primat ne l’était pas, aurait assisté de sa personne ou donné la consécration à un mariage non reconnu par le saint-père. Le passage suivant, emprunté aux mémoires du cardinal Consalvi (t. II, p. 452) ne laisse à cet égard aucun doute. « Le pape, dit le cardinal, reconnut donc les nouveaux rois de Bavière et de Wurtemberg, le grand-duc de Berg, le duc de Baden, et d’autres princes semblables ; mais il ne consentit point à agir de la sorte vis-à-vis des nouveaux rois de Naples et de Westphalie. S’il eût donné son adhésion à ce dernier, et s’il eût entamé des négociations avec lui, il se serait trouvé fort embarrassé par rapport à la nouvelle compagne du prince Jérôme, car, tant que le premier mariage contracté en Amérique n’était pas légitimement annulé, sa sainteté ne pouvait accorder à cette princesse le titre de reine. » Voilà ce que Consalvi, ministre bien informé s’il en fut des intentions de son souverain, écrivait en 1811 pendant sa séquestration à Reims.

Quant aux témoignages d’estime et d’affection que Pie VII aurait prodigués, pendant leur exil, au roi Jérôme et à sa femme protestante, il est bien évident que ces marques d’hospitalité ne sauraient avoir à aucun degré le caractère d’une décision canonique impliquant l’approbation des faits accomplis. Y a-t-il une pièce qui corrobore l’affirmation toute nouvelle pour moi « que le pape aurait reconnu le peu de fondement de ses premiers scrupules ? » Voilà toute la question. Si ce document existe, je serais heureux, monsieur le directeur, que son altesse impériale voulût bien le produire.

Le jour où cette pièce inédite me serait communiquée, je n’aurais cependant rien à rectifier, car, n’ayant pas eu occasion de raconter le second mariage du roi Jérôme, je n’ai rien avancé ni rien préjugé à ce sujet. Pour anticiper ainsi sans nulle nécessité sur l’ordre des temps, je sentais trop ce qu’il y a de scabreux à soulever seulement de pareilles controverses, qui, par leur nature, échappent à la compétence de l’historien et ne relèvent que de la théologie. Aujourd’hui, même en présence de la lettre du prince Napoléon, je me refuse absolument à les aborder ; qu’il soit seulement assuré que je suis, comme toutes les personnes versées dans l’étude de la première moitié de ce siècle, plein de respect pour la mémoire de l’ancienne reine de Westphalie, sa mère. Elle a été sur le trône et dans l’adversité une princesse entourée de l’estime publique, et pendant tout le cours d’une union qu’elle n’avait pas recherchée on a pu la citer comme une épouse parfaitement noble, douce et résignée à toutes les épreuves.

La seconde partie des observations de son altesse impériale porte sur les mémoires du comte Miot de Mélito. Sans le dire formellement, le prince paraît vouloir contester l’authenticité et l’autorité de cet ouvrage.