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I

Comme pour rendre hommage à la matière sans laquelle il n’y a pas d’industrie possible, toutes les parties du monde ont tenu à montrer les échantillons de leurs bois. L’Amérique du Nord est représentée par le Canada ; celle du sud par la Guyane, la confédération argentine, le Brésil, l’Equateur ; l’Afrique par le Cap, le Sénégal, l’Algérie ; l’Asie et l’Australie par les colonies anglaises. Quant à l’Europe, tous les pays ou à peu près ont envoyé des échantillons de leur production ligneuse.

C’est de l’Amérique du Sud que nous vient la plus grande partie de nos bois d’ébénisterie, et les collections exposées par le Brésil, la confédération argentine, la Guyane, nous donnent une idée des richesses ligneuses à peu près perdues que renferment ces immenses régions, où la difficulté des transports rend l’exploitation des forêts très coûteuse et souvent impossible. Beaucoup de ces bois n’ont pas même de nom scientifique ; ils sont connus dans le pays par des noms locaux, et quand ils arrivent en Europe, on les baptise de noms de fantaisie : bois de rose, de violette, de jasmin, etc. Aussi doit-on savoir bon gré à ceux qui se sont donné la mission de débrouiller ce chaos et qui, au prix de grandes fatigues, ont essayé de faire connaître au public la famille naturelle, les usages, l’importance commerciale des arbres de ces contrées encore si peu connues. C’est un service de ce genre que vient de nous rendre M. Martin de Moussy qui, après avoir habité pendant dix-huit ans la confédération-argentine et l’avoir parcourue dans tous les sens, nous en a donné une description des plus complètes et des plus détaillées. C’est son ouvrage à la main qu’il faut étudier les collections de l’Amérique du Sud[1].

Dans la Mésopotamie argentine, le long des rives du Parana et de l’Uruguay et dans les vallées des Andes se rencontrent de vastes forêts, mais c’est vers le nord de la confédération, dans la région équatoriale, qu’elles acquièrent une puissance de végétation et une variété extraordinaires. Parmi les arbres qui les peuplent, il faut mentionner l’algarrobo ou caroubier, dont le fruit est une gousse un peu sucrée et comestible, et dont le bois est propre au chauffage et à la menuiserie ; — le quebracho, de la famille des apocynées, grand arbre très rameux dont les feuilles ovales, acuminées et d’un vert éclatant tombent pareilles à celles du saule

  1. Description géographique et statistique de la confédération argentine, par M. V. Martin de Moussy ; 3 vol. in-8o, 1864.