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pleureur. Le bois du quebracho est très dur, on l’emploie pour le charronnage et la menuiserie, et comme il renferme une grande quantité de tannin, on s’en sert également, après l’avoir réduit en sciure, pour le tannage des peaux, ressource bien précieuse dans un pays où l’élève du bétail est la base de l’économie rurale. L’exposition renferme des peaux ainsi préparées qui ne le cèdent en rien à celles des autres pays. Le lapacho, de la famille des bignoniacées, est un arbre magnifique qui atteint une hauteur de 30 mètres et, se couvre de fleurs violettes ; le bois en est compacte, très lourd, un peu rougeâtre, et peut être employé à l’ébénisterie comme aux constructions. Il en est de même de l’unindey, du timbo, etc.

Le cedro (cedrela odorata), qui n’a rien de commun avec le cèdre que nous connaissons, puisqu’il n’est même pas un conifère, croît très promptement et atteint une hauteur de 50 mètres et un diamètre de 1m50. Il fournit un bois compacte, facile à travailler et qui passe pour incorruptible. L’araucaria brasiliensis, variété de celui du Chili, dont les plantations parisiennes nous offrent de nombreux échantillons, est un arbre très élevé : les premières branches partent du tronc en se recourbant comme les bras d’un candélabre, et sont couvertes de feuilles sessiles d’un vert métallique et munies d’un piquant au sommet. D’un port élégant et majestueux, cet arbre peut passer pour un des plus beaux ornemens des forêts sous cette latitude. Le fruit est un cône arrondi à écailles peu marquées qui renferment des graines allongées de la grosseur d’une châtaigne ; il sert de nourriture aux Indiens. Il serait très utile de multiplier l’araucaria, dont le bois, plus compacte que celui du sapin, est facile à travailler et dure longtemps. Le Brésil en importe une assez grande quantité à Montevideo et à Buenos-Ayres sous le nom de pino da Brazil. Ces contrées renferment encore une foule d’autres arbres qui donnent les produits les plus divers : ce sont l’aguaraybay, de la famille des térébinthacées, qui, coupé en morceaux et suffisamment bouilli, fournit le fameux baume des missions, employé dans toutes les maladies ; l’oranger, le quina-quina (myroxylon peruanum), arbre d’un port élégant, dont le tronc, couvert d’une écorce lisse, épaisse et résineuse, sécrète un suc qui en se solidifiant donne le baume du Pérou ou baume de Tolu ; le maté (ilex paraguayensis), qu’on cultive d’une manière spéciale parce que les feuilles, qui renferment un principe amer d’un arôme particulier assez agréable, servent à fabriquer une espèce de thé très en usage dans la Plata, le Chili, le Pérou, le Brésil, etc.

Les bois de la Guyane se rapprochent de ceux du Brésil et de la confédération argentine, et les collections qu’on en voit au Champ de Mars ne sont pas inférieures à celles de ces derniers pays. Ce qui