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population des services immenses, qui doivent leur attirer la confiance et la sympathie. Combien de maladies fréquentes que les médecins chinois ne savent pas traiter : ophthalmie, maladies cutanées, petite vérole souvent meurtrière, et bien d’autres ! Le long des côtes, à Pékin même, des médecins anglais et français établissent des dispensaires où ils soignent les pauvres gratuitement ; c’est le point capital. Ils ont introduit la vaccine à Shang-haï. On vient à eux maintenant ; les gens riches les font appeler. Il arrive d’Europe une certaine quantité de médicamens que la pharmacie chinoise ne sait pas préparer. J’aurais aussi voulu donner des notions sur les hôpitaux chinois ou du moins sur ce qui les remplace. La misère est presque générale en Chine. Dans Pékin, on compte plus de 70,000 mendians, organisés en corporation comme nos truands du moyen âge. Campés au pied même du palais impérial, comme dans une sorte de cour des miracles, ils courent la ville le jour, et obtiennent par mille obsessions, quelquefois par menace, l’aumône des particuliers, surtout des négocians. Tous sont dévorés de maladies. Une douzaine d’asiles peu spacieux s’ouvrent le soir pour procurer à quelques centaines de ces vagabonds un abri commun, parfois une couche de paille, à certaines époques un peu de riz et de charbon, plus rarement, seulement à des vieillards et par une protection toute spéciale, une robe en hiver et en été un éventail. Le trésor public, pauvre comme il est, et fort mal administré, ne peut faire davantage. La charité privée est limitée par la rareté des fortunes et surtout par l’égoïsme et l’avarice, vices tout à fait nationaux. Il y a encore là du bien à faire, ne fût-ce qu’en multipliant les exploitations lucratives, celle des mines par exemple, presque entièrement délaissée, ou encore en augmentant les revenus du trésor, comme a fait l’inspectorat étranger des douanes. Par des moyens plus directs, les dispensaires anglais et les sœurs de charité françaises établies à Ning-po, à Tien-sin, à Pékin, peuvent rendre de grands services.

A côté de cet ouvrage de médecine qui m’a entraîné si loin, l’exposition montre un livre sur l’art militaire. Les troupes françaises, à Palikao, ont eu facilement raison de la tactique chinoise. Néanmoins, bien qu’il eût constaté la supériorité des Européens, non-seulement dans la lutte qu’il soutint contre eux, mais encore quand les corps auxiliaires, commandés et organisés par des officiers étrangers, français, anglais, américains, l’eurent mis à même de réduire l’insurrection des Taïpings et de reprendre Nankin, le gouvernement chinois, loin d’imiter les Japonais ses voisins, a montré peu de désir d’emprunter à l’Europe la discipline et l’armement de ses soldats. Le Chinois n’a aujourd’hui nul esprit militaire ; ses